L'Algérie n'est pas prête à faire des concessions au détriment de l'économie et l'intérêt de l'Algérie pour arracher l'accession à l'Organisation mondiale du commerce (OMC), a affirmé, hier, un membre du groupe de négociateurs algériens, Saïd Djellab, cité par l'APS. «L'Algérie n'a aucun problème sur la question de conformité avec les accords de l'OMC [...], mais tout ce qui est en plus de l'accord est inacceptable, surtout s'il touche à l'intérêt national», a expliqué M. Djellab, directeur des échanges commerciaux au ministère du Commerce. Tout en précisant que toutes les requêtes émanant de l'OMC susceptibles de nuire à une branche de l'industrie ou de l'agriculture son négociées en fonction des intérêts du pays, le représentant du ministère du Commerce n'a pas manqué de souligner : «Notre adhésion à l'OMC se fera en fonction des intérêts de l'économie nationale, à court, moyen et long terme.» Une manière on ne peut plus claire de dire que l'Algérie n'achètera pas le billet de l'adhésion à l'OMC sans prendre des précautions et sans assurer des garanties à son économie. «Nous prenons tout notre temps pour bien négocier», a-t-il d'ailleurs déclaré, rappelant les pressions subies par l'Algérie à cet effet. Le directeur des échanges au ministère du Commerce, même s'il n'a pas dévoilé ces pressions, a clairement indiqué que les membres de l'OMC essayent «d'imposer des choses à l'Algérie». Ceci dit, ces membres sont connus. L'Union européenne et les Etats-Unis bloquent l'adhésion de l'Algérie à l'OMC. En d'autres termes, c'est de ces régions que proviennent les pressions, même si, diplomatiquement, l'engagement est affiché pour aider l'Algérie dans ce cadre. Les représentants du gouvernement ont déjà évoqué ce blocage. Lequel s'est traduit par de nombreuses remarques évoquées dans le rapport du groupe de travail établi en janvier 2008. Certes, les rédacteurs dudit document ont relevé des avancées en matière de réforme du régime du commerce en Algérie, mais ont souligné que beaucoup restait à faire. Le rapport cite à ce propos les domaines des entreprises d'Etat, le prix des hydrocarbures (gaz), les droits de commercialisation et présence commerciale, le régime fiscal (TVA et autres taxes à la consommation), les subventions à l'exportation, les mesures sanitaires et phytosanitaires (SPS), les obstacles techniques au commerce (OTC) et la propriété intellectuelle. Aussi, à l'issue du 10e round de négociations, tenu en juin 2008, l'Algérie a reçu 96 questions concernant certains aspects d'une dizaine de thèmes sur lesquels elle poursuit actuellement les négociations. Il s'agit, selon le négociateur algérien, des régimes des licences d'importation des mesures sanitaires et phytosanitaires, des obstacles techniques au commerce, des subventions aux exportations, du fonctionnement des entreprises publiques, du double prix du gaz, de la taxe sur la valeur ajoutée et des entreprises commerciales d'Etat. Des points déjà contenus dans le rapport de janvier 2008. La double tarification des prix du gaz, c'est-à-dire l'exigence d'alignement des prix intérieurs sur les prix internationaux est opposée à l'Algérie, qui a indiqué, argumentaire à l'appui à maintes reprises, notamment par le biais du ministre de l'Energie et des Mines, que la demande est injustifiée et qu'elle ne comptait pas y transiger. Ces questions seront transmises au secrétariat général de l'OMC pour discuter de la date du 11e round. L'annonce de la venue du directeur général de l'OMC, Pascal Lamy, en Algérie en mai prochain, à l'occasion de la rencontre de l'Union maghrébine des employeurs (UME), confirmée, hier, par le représentant de cette union en Algérie, M. Boualem Mrakech, changera-t-elle le cours des négociations ? Lesquelles, il faut le reconnaître, ont traîné. L'Algérie cumule en effet une longue histoire dans les négociations aux accessions. Sa première demande d'adhésion au GATT (ancêtre de l'OMC) remonte à 1987, mais les négociations effectives d'adhésion n'ont débuté qu'en 2001. A titre de rappel, l'Algérie a mené dix rounds de négociations multilatérales durant lesquels elle a traité 1 600 questions relatives à son système économique et a tenu 93 réunions bilatérales avec 21 pays. S. I.