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Crèches : la nécessaire mue
L'organisation de leurs activités et services s'impose
Publié dans La Tribune le 08 - 04 - 2009

Entre crèche et nourrice, les avis restent partagés. Si certains parents optent pour une nourrice (dont celle à domicile), arguant un manque de scrupules de la part de quelques gérants et éducatrices de crèches, d'autres, en revanche, notamment parmi les plus aisés, préfèrent confier leur progéniture à une crèche. Pour une troisième catégorie, ce sont les circonstances qui les obligent à opter pour telle ou telle autre alternative. «Pour mon premier bébé, une fois mon congé de maternité épuisé, j'ai regagné mon poste de travail, laissant mon nouveau-né chez ma mère. Elle s'en occupait à merveille. Dès que mon enfant a atteint l'âge de 2 ans et demi, nous sommes convenus, son père et moi, qu'il aille à la crèche, d'autant qu'entre-temps, ma mère est tombée malade. En recourant à la crèche, je n'avais, en fait, pas le choix, dans la mesure où personne ne pouvait s'occuper de lui. Il me fallait très vite trouver une solution. Celle-ci ne pouvait résider que dans le recours à la crèche», nous dira Ouarda, 41 ans, exerçant la profession de dentiste dans un dispensaire de Blida.
Bon nombre de mères de famille travailleuses (que nous avons rencontrées) justifient le recours aux crèches par l'équilibre et l'évolution que ces dernières sont à même d'assurer à leurs enfants. «Chez une nourrice, l'enfant est figé, statique. Il ne peut pas évoluer. En outre, à la moindre gaffe, il peut faire l'objet d'une saute d'humeur, voire d'une raclée de la part de celle qui est censée prendre soin de lui. A la crèche, les choses sont complètement différentes. Il est très important que l'enfant côtoie ses semblables. Cela contribuera à son épanouissement», nous diront un groupe d'enseignantes dont les enfants sont placés un peu partout à
travers les crèches de la capitale.
De son côté, Nassima, enseignante dans un lycée à Alger, justifie son recours à la crèche par le fait que son mari a opposé un niet catégorique à l'idée de ramener une nourrice à domicile. Si, pour son premier bébé (aujourd'hui élève en 4e année primaire), les choses se sont présentées pour elle sous de meilleurs auspices, dans la mesure où c'était sa belle-sœur, alors célibataire, qui s'en était occupé, pour son second enfant, les données ont complètement changé.
«En guise de justification pour ne pas ramener une nourrice, mon mari m'a parlé de son collègue de travail qui a fait l'objet d'un vol de la part d'une nourrice ramenée pour s'occuper de son enfant de 4 ans. Mon mari m'a dit que, de nos jours, il n'est guère aisé de laisser une personne étrangère pénétrer dans votre maison», confiera l'enseignante.
Un confrère, dont les enfants ont été placés dans une crèche étatique située non loin du quartier Côte rouge, tout en se disant satisfait des prestations offertes par cette dernière, affirme que c'est le passage à la crèche qui a fait que son enfant réussisse sa scolarité au cycle primaire.
«Ses instituteurs affirment que comparativement à ses camarades, il possède une longueur d'avance. Il connaît beaucoup de choses en calcul et en géométrie.»
«En outre, il connaît parfaitement les règles élémentaires d'hygiène et de tenue vestimentaire», assurera notre interlocuteur. Ce dernier affirme que les enfants inscrits dans cette crèche sont examinés périodiquement par un pédiatre, un dentiste ainsi qu'un psychologue. S'agissant du tarif appliqué, il est plus qu'abordable dans la mesure où il ne dépasse pas les 12 000 dinars par an, soit 1 000 dinars mensuellement. Mais, incontestablement, ce qui a le plus plu à ce père de famille a trait aux réunions trimestrielles organisées au niveau des crèches, en présence des parents, dans le but d'être informés au sujet de l'évolution de leur progéniture. «De la sorte, on ne peut être que rassuré», tiendra-t-il à souligner. Dans d'autres crèches, certains parents font preuve d'inquiétude au sujet de l'absence d'un cadre réglementaire, de suivi et de contrôle ainsi qu'au manque de formation des nourrices. Selon des indiscrétions, il est des éducatrices qui, pour justifier le fait qu'elles ne se donnent pas à fond dans leur travail, se défendent en mettant en avant le fait qu'elles ne soient pas assez bien payées. Beaucoup parmi les parents que nous avons rencontrés insistent pour dire que n'est pas éducatrice qui veut, d'autant que toute erreur commise à l'encontre des chérubins peut avoir de graves répercussions une fois ces derniers adultes. «Outre des prédispositions certaines, il faut impérativement avoir suivi une solide formation. De nos jours, la psychologie a accompli des avancées prodigieuses. On doit en tirer profit dans la manière d'élever nos enfants», nous diront en chœur des mères de famille. S'agissant de faits relatifs à la maltraitance, nos interlocutrices ne souffleront mot, reconnaissant toutefois avoir entendu parler de cas où des enfants particulièrement agités ont fait l'objet de violence de la part de leurs éducatrices. L'unanimité a été totale au sujet de la condamnation de tels actes, lesquels sont passibles de poursuites judiciaires.
A Blida, un tour dans les garderies et crèches des quartiers, cités et communes de la wilaya permet de dire que les parents ont l'éventail du choix en matière de lieux susceptibles d'accueillir leur progéniture. Pour les services dont bénéficient les enfants, la somme à verser mensuellement varie de 600 à 5 000 DA. Il est clair que plus le prix à payer est élevé, meilleures sont les prestations offertes. Comme en-cas, certaines crèches proposent aux bambins un morceau de pain et du fromage. Eléments communs à beaucoup de structures : la sieste et la préparation d'une fête pour chaque fin de trimestre. Beaucoup de parents insistent pour que leurs enfants apprennent des notions de lecture et d'écriture à la crèche. Ils estiment que cela facilitera leur intégration une fois ces derniers à l'école. «Certes, les locaux sont quelque peu vieillissants, mais l'essentiel est qu'ils soient bien entretenus et que la propreté soit de rigueur. La directrice est formidable : autoritaire quand il le faut, maternelle, souriante et ultra compétente. Elle est toujours disponible à répondre à toute question concernant votre enfant. Elle tient à ce que le travail de ses auxiliaires soit effectué selon les règles de l'art», nous dira une mère de famille venue chercher son enfant dans une crèche de la commune d'El Affroun.
Mais, en dépit d'un engouement certain pour les crèches, notamment de la part des mères travailleuses, force est de constater que certains refusent d'envoyer leurs enfants dans les crèches sous prétexte qu'aucune assurance ne leur est donnée en matière de prise en charge. «Les normes exigées par la loi sont loin d'être respectées. Les autorités devraient surveiller de plus près ces établissements et corser un peu les conditions d'octroi d'agrément pour les crèches», soulignera une mère de famille. Un père de famille mettra en évidence les crèches travaillant au noir. «Les crèches de ce genre sont légion.
Dès lors qu'elles travaillent au noir, les enfants inscrits ne sont pas assurés. Sachant que des accidents ne sont pas à écarter (disputes entre enfants, chutes dangereuses…), je vous laisse imaginer les risques encourus par les enfants. Certains parents sont attirés par les tarifs relativement abordables appliqués par ces crèches. Ils doivent toutefois savoir que le bien-être de leurs enfants n'a pas de prix. Malheureusement, à l'image de ce qui est en vigueur dans certaines écoles privées, il se trouve des gérants de crèche pour lesquels seul l'argent a droit de cité», conclura notre interlocuteur.
B. L.
Quand la communication fait défaut
Ce XXIe siècle et le précédent ont fait de la communication la pierre angulaire de toutes les stratégies et politiques des institutions, organismes et entreprises à travers le monde. Communiquer plus, communiquer mieux sont les maître mots de cette nouvelle ère. Mais, il semble bien que, pour certains responsables algériens, la communication reste accessoire, voire inutile. Pour notre enquête sur les crèches et garderies, malgré l'exhibition de notre carte professionnelle et d'un ordre de mission, là où nous nous sommes rendus, la même réponse revenait presque à chaque fois. «Nous aurions aimé vous aider, mais on ne peut faire la moindre déclaration sans une autorisation écrite de notre tutelle», nous avait-on dit çà et là. A la direction du préscolaire sise à El Madania où nous nous sommes rendus pour de plus amples données sur le sujet, le comble a été atteint dans la mesure où la responsable de la structure a exigé de nous de lui envoyer, en guise de préalable, un fax sur lequel seront mentionnées les questions, objet de l'enquête ! Excès de zèle ou directive de la tutelle ? Quelle que soit la réponse, elle ne peut en aucun cas justifier de telles réactions qui sont tout simplement improductives et desservent en premier lieu les institutions et les responsables.
B. L.


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