Les conducteurs de train ne lâchent pas prise. Hier encore, leur mouvement de grève a fortement perturbé le trafic ferroviaire. Plusieurs navettes ont été annulées, plongeant ainsi les usagers dans un état d'angoisse sans pareil. Force est également de constater que même le service minimum a été très mal encadré par l'administration de la SNTF qui a été, pour le moins qu'on puisse dire, très surprise par la très forte mobilisation des mécaniciens et des conducteurs de train au cours de ces quatre journées de grève. Par ailleurs, cette mobilisation qui a ébranlé les gares de tout le pays se veut être avant tout un message d'avertissement que les cheminots ont lancé à la direction générale de la SNTF. En effet, celle-ci est appelée à prendre sérieusement en considération les revendications de ses travailleurs qui, confient-ils sans ambages, ne reculeraient devant rien pour faire aboutir leur combat. La colère est telle qu'une grève de la faim est même envisagée par des travailleurs désabusés, frustrés et indignés par les injustices dont ils sont victimes au quotidien. Cependant, il est à signaler tout de même que, durant la journée d'hier, la tension a baissé d'un cran. A la faveur d'une rencontre tenue hier entre le collectif des conducteurs de train grévistes et le secrétaire général de l'UGTA, Sidi Saïd, les cheminots ont décidé de geler leur mouvement de grève par «respect au vote et aux Algériens». «Nous sommes audacieux, mais pas fous. Et puis, par souci moral, nous avons décidé de geler notre grève. Nous démontrons ainsi notre attachement à notre pays et notre respect à nos concitoyens. Mais, soyez-en sûrs, nous reprendrons notre mouvement après les élections car la direction de la SNTF nous prive toujours de nos droits», affirme Hamadeche Karim, président de la section syndicale du dépôt d'Alger. «Nous ne demandons pas la lune. Nous réclamons le paiement de nos heures supplémentaires et de nos jours de repos que nous avons sacrifiés pour notre travail. Nous demandons aussi que les poursuites judiciaires engagées contre nous lors des accidents de trains soient abandonnées. Il nous faut une législation qui ne responsabilise pas seulement les conducteurs de train. Nous voulons qu'une prise en charge soit mise en place lors de ces accidents dans lesquels nous sommes les premières victimes», explique encore notre interlocuteur qui avertit que, sans la satisfaction de ces points, une grève illimitée sera enclenchée juste après le scrutin présidentiel. Le mot d'ordre est donc lancé. Comment réagira la direction de la SNTF face à ce foyer de contestation sociale ? A entendre ses représentants, l'heure est à la négociation. Mais, de l'avis commun des observateurs, l'ambiance est toujours séditieuse dans la maison SNTF. A. S.