Les cheminots de la SNTF sont en colère. Las de voir leur situation sociale se dégrader continuellement, les conducteurs de train ont décidé de lancer un énième mouvement de protestation. En effet, hier matin, le trafic ferroviaire a été complètement paralysé dans la région d'Alger. Presque aucun train n'a pu rallier sa destination en ce début de la semaine où les gares ferroviaires des banlieues est et ouest de la capitale sont prises d'assaut par des milliers de concitoyens. En vérité, pas moins de 150 conducteurs et mécaniciens de la SNTF ont observé un arrêt de travail qui a surpris tous les usagers de train, lesquels n'ont été prévenus par aucun préavis de grève. Ainsi, près de 60 000 usagers qui empruntent quotidiennement les trains ont été amenés à se rabattre sur d'autres moyens de transport pour vaquer à leurs occupations. Une situation qui n'a pas manqué de créer un véritable cafouillage dans les gares routières et sur les routes où les embouteillages monstrueux ont fini par avoir raison des nerfs des automobilistes. Il n'était donc nullement aisé de se rendre sur son lieu de travail en ce jour où les trains ont boudé les rails. Exaspérés, les usagers n'ont jamais compris pourquoi ils doivent faire les frais d'un conflit social inhérent à la SNTF. Par ailleurs, la colère de ces usagers est montée d'un cran lorsque ces derniers ont appris que même le service minimum ne sera guère assuré. De leur côté, les cheminots grévistes relèvent que leur ras-le-bol ne sera pas contenu cette fois-ci avec de simples promesses. Ils veulent avant tout une solution définitive à leur précarité. «Dans toutes les entreprises publiques, des travailleurs ont touché de substantielles augmentations. Quant à nous, notre salaire de base est toujours bloqué à 15 000 DA. Sachez que les plus chevronnés d'entre nous gagnent, primes comprises, à peine 34 000 dinars. Comment voulez-vous qu'on survive avec une telle paie ?» confient les conducteurs grévistes qui cherchent à étendre leur mouvement de grève à l'échelle nationale. «Notre prime de risque est d'à peine 700 DA. Quant à nos primes de tonnage et de traction, elles sont encore plus ridicules. ujourd'hui, nous exigeons une amélioration de notre situation socioprofessionnelle et sécuritaire. Pour ce faire, la direction de la SNTF et le ministère des Transports doivent consentir à l'augmentation des indemnités liées aux risques de travail et aux longs déplacements», expliquent encore les mécaniciens conducteurs. Ces derniers relèvent également que, lors de leurs longs trajets, ils passent leurs nuits dans des postes d'hébergement qui manquent cruellement d'hygiène. Certains seraient mêmes amiantés, selon les témoignages concordants des conducteurs de train. Rappelons enfin que les cheminots n'en sont pas à leur première grève. Plusieurs actions de protestation ont déjà été enclenchées il y a de cela quelques mois. Le plus récent de ces mouvements de grève date de trois mois. A cette époque-là, les revendications des cheminots n'avaient pas été satisfaites par la SNTF. Aujourd'hui, ils reviennent à la charge et tout indique que le bras de fer qui les opposera à la direction de leur entreprise se répercutera négativement sur le quotidien des usagers du train. A. S.