Photo : Riad Par Faouzia Ababsa Près de trois années après sa signature lors d'une cérémonie solennelle, que peut-on dire, aujourd'hui, de la mise à exécution du pacte économique et social sinon qu'il est mal géré. Avec le nouveau président de la République, il ne serait pas exclu qu'il soit révisé. D'ailleurs, plusieurs organisations patronales, parties au pacte, ont dès l'année dernière, exprimé leur volonté de revoir la copie, estimant que les objectifs qu'il s'est assignés n'ont pas été atteints. Employeurs et institutions de l'Etat peuvent, en revanche, tirer gloire de ce pacte dans son volet stabilité, en ce sens que très peu de conflits sociaux ont éclaté et que peu de grèves ont été déclenchées par la classe laborieuse. Pour autant, on ne peut faire le même constat pour la part réservée aussi bien aux pouvoirs publics qu'aux employeurs. Car, faut-il le souligner, et c'est devenu récurrent, à l'occasion de chaque échéance électorale, les citoyens de manière générale et les travailleurs en particulier posent les mêmes problèmes et expriment les mêmes attentes. Lutte contre le chômage et amélioration du pouvoir d'achat. Lequel poursuit sa descente aux enfers en raison de l'embrasement des prix qui anéantit tout espoir pour un salarié de pouvoir profiter de l'augmentation de sa rémunération, si dérisoire soit-elle. L'Etat régulateur n'arrive apparemment pas à s'imposer sur le terrain, laissant les espaces vides aux spéculateurs de tout ordre. Aussi est-il attendu du premier magistrat du pays de remettre de l'ordre pour qu'en matière de stabilité le pacte ne connaisse pas l'effet inverse, du genre émeutes, routes barrées, grèves et arrêts de travail. D'un autre côté, le patronat partie à l'accord-cadre signé avec l'UGTA, ne semble pas pressé de le mettre en application. Appelée convention collective-cadre, elle est censée régir les conditions d'emploi et de rémunération des travailleurs exerçant dans le secteur privé. Elle suppose donc que les employeurs remplissent leurs obligations en matière de déclaration à la sécurité sociale, d'augmentation de salaire et d'acceptation de création de sections syndicales au sein de leurs entreprises respectives. Or, la plupart d'entre eux paraissent allergiques à toute émergence d'un contre-pouvoir dans leurs unités de production. En effet, le taux de syndicalisation au niveau du secteur privé ne dépasse pas les 2%. Quant aux augmentations de salaire que pourrait induire la signature de conventions collectives avec les employés, elles peinent à voir le jour, dans l'écrasante majorité des cas. Dès lors, qu'il s'agisse du pacte économique et social ou de ladite convention avec le patronat, il est aujourd'hui urgent de rappeler aux uns et aux autres leurs engagements solennels au demeurant, les citoyens voulant en découdre avec le mal-vivre. Les salariés veulent cesser d'être pauvres et de compter leurs sous pour voir s'ils peuvent encore se payer un sachet de lait. Le comité de suivi de la mise en œuvre du pacte économique et social devait, selon les termes du document, établir une sorte de bilan une fois par an. Or, depuis la signature du pacte, il ne s'est réuni qu'une seule et unique fois, non pour examiner l'état de l'application des clauses, mais pour apporter son soutien au troisième mandat pour Abdelaziz Bouteflika.