Le Premier ministre français est rentré hier à Paris. A l'issue d'un entretien de plus de deux heures que lui a accordé Abdelaziz Bouteflika. La visite du locataire de Matignon a eu apparemment un goût d'inachevé. Et pour cause, le président de la République a refusé de se prononcer sur sa participation ou non aux premières assises de constitution de l'UPM, le 13 juillet prochain. François Fillon et la délégation qui l'accompagne étaient venus, entre autres, selon les journaux français, pour arracher une acceptation à la réunion de Paris. D'ailleurs, l'ensemble de la presse d'outre-Méditerranée s'est focalisée sur la présence ou non du président algérien à cette manifestation. Très peu d'écrits sur les relations bilatérales, la mise à exécution des accords et le respect des engagements de part et d'autre. Même le contenu et la consistance du projet de l'UPM sont mis en quarantaine au profit des spéculations sur le déplacement de M. Bouteflika dans l'Hexagone. Pourtant, c'est là une question de fond. Et le chef du gouvernement, Abdelaziz Belkhadem, l'a bien signifié dans l'entretien qu'il a accordé au quotidien le Monde, en précisant que l'actuel projet de l'UPM est différent de celui présenté par Nicolas Sarkozy lors de la visite d'Etat qu'il a effectuée dans notre pays en décembre dernier. C'est dire que les autorités algériennes ne peuvent aucunement s'avancer sur du fictif ou encore sur un projet aux contours encore flous, dont ils ne saisissent pas pour le moment, à en croire les déclarations officielles, les tenants et les aboutissants. Ce, d'autant que d'aucuns estiment que l'Algérie ne peut pas s'engager dans un processus qui ressemble à celui de Barcelone, dont on connaît l'échec, et où le principe du gagnant-gagnant n'apparaît pas clairement. Car, faut-il le rappeler, les relations algéro-françaises ne sont qu'économiques. Le politique ne doit pas être éludé. Certes, les investissements des entreprises françaises ont connu une nette progression, mais quasiment exclusivement dans le secteur pétrolier. Tout le reste intervient dans la sphère commerciale et des services. Or, ce que veut l'Algérie, ce sont des investissements directs dans des projets d'infrastructures industrielles, productives, créatrices de richesses, d'emplois avec tout ce que cela implique comme transfert de technologie et de savoir-faire. Il ne s'agit pas de se frotter les mains en se persuadant qu'il y a un marché à 150 milliards de dollars et qu'il faille coûte que coûte en arracher une partie et tirer le maximum de plus-values. Parce que l'Algérie, qui s'est engagée dans la diversification de ses partenaires, n'a pas intérêt à se confiner dans un groupe régional où le multilatéral sera exclu. Aussi, la coopération avec Paris devrait aboutir à une obligation de résultat, comme l'a souligné le président de la République à l'issue de son entrevue avec le Premier ministre français. F. A.