Maintenant que les résultats de l'élection présidentielle sont communiqués, et les parts de chaque candidat déterminées, l'heure est à l'élaboration des bilans et à la remise en question. Le moment est donc propice pour l'analyse politique. Mis à part les mouvements politiques qui ont décidé de boycotter le scrutin, ceux qui se sont engagés dans la course électorale peuvent, à la lumière de ces chiffres, avoir une visibilité sur leur représentativité dans la société algérienne. Même si, pour les premiers (boycotteurs), le taux de participation enregistré, 74,54%, discrédite leurs actions et peut signifier une faible mobilisation de la société en leur faveur. {Selon les statistiques communiquées par le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, M. Noureddine Yazid Zerhouni, le raz-de-marée Bouteflika (90,24% des voix) a balayé les autres prétendants à la magistrature suprême. Les cinq candidats réunis totalisent moins de 10% des suffrages. Si cela peut renseigner sur une chose, c'est que l'Algérie souffre d'une absence de forces politiques d'opposition capables de drainer les foules et jouer le rôle qui leur échoit, celui de contre-pouvoir et garant de l'équilibre démocratique. Louisa Hanoune, seule candidate, secrétaire générale du Parti des travailleurs, occupe la deuxième place, loin derrière l'élu. Avec 4,22% des voix, elle fait mieux que sa dernière expérience (Mme Hanoune était déjà candidate à la présidence en 2004) où elle avait obtenu 1,16% des suffrages (classée en 5e position). D'autant qu'en termes de bulletins favorables à sa cause, l'évolution est appréciable (près de 122 000 en 2004 à plus de 600 000 en 2009). Donc, en réalité, Louisa Hanoune a gagné plus de 400 000 voix. En troisième position, Moussa Touati est accrédité de 330 570 voix (2,31%). Pour une première participation, le président du FNA, qui n'a de cesse, pendant sa campagne électorale, parlé de surprise, n'a pas vraiment atteint son objectif. Ou est-ce cela la surprise ! Djahid Younsi, représentant la mouvance islamiste modérée, n'a pas réussi à attirer les voix de ces prédécesseurs. Avec une part de 1,37%, il est loin d'égaler le score enregistré par Abdellah Saad Djaballah en 2004, lorsqu'il avait enregistré un taux de 4,84%. Quant à Fawzi Rebaïne et Mohamed Saïd, leurs scores ne dépassent pas les 1%. Rebaïne, le candidat des «zaoualia» autoproclamé, fait à peine mieux que sa première participation en 2004 (0,64% en 2004, 0,93% en 2009). Parmi tous ces candidats challengers, le seul qui a atteint le million de voix est le bulletin blanc. Finalement, la campagne présidentielle 2009 et les résultats du scrutin ont dévoilé l'absence symptomatique d'une réelle force politique d'opposition capable de jouer pleinement son rôle. Pour l'heure, et c'est la spécialité de l'opposition algérienne, quatre des cinq candidats «outsiders» dénoncent des dépassements et des irrégularités dans le déroulement de l'élection et contestent les chiffres donnés par M. Zerhouni. S. A.