Des candidats et des personnalités politiques demandent sa démission Le front anti-Bouteflika s'élargit Des partis, des personnalités politiques et historiques, ainsi que des candidats potentiels demandent le départ du gouvernement, voire du président de la République en personne. Après avoir appelé le secrétaire général du FLN, Ali Benflis, pour l'assurer de son soutien et lui dire que ce qui arrive à son parti est inadmissible, l'ancien président de la République, Liamine Zeroual, est revenu, hier, pour expliquer sa position par le biais d'un communiqué publié par la presse. L'ancien chef de l'Etat appelle à l'alternance démocratique au pouvoir, un principe qui l'avait amené, en 1998, à présenter sa démission. Pour lui “l'homme des miracles, et l'idolâtrie de l'homme légendaire sont dépassés par l'histoire”. “Cette idée doit être exclue du nouvel ordre national”, affirmera Liamine Zeroual en faisant allusion à l'actuel président de la République et en appelant le peuple algérien “à prendre ses responsabilités devant l'histoire en imposant le respect de son choix souverain de manière pacifique”. L'ancien président de la République qui demande, en des termes à peine voilés, à Bouteflika de suivre son exemple, vient ainsi apporter sa contribution à ce qu'il qualifie de “nouvel ordre national”. Un nouvel ordre que la majorité de la classe politique voit dans le départ du chef de l'Etat. C'est la position, en effet, du parti du FLN qui, par le biais de son groupe parlementaire, revendique la démission du président de la République. Pour les élus de la formation de Ali Benflis, “Bouteflika représente une menace à la stabilité de notre pays et un danger lancinant pour l'ordre et la sécurité publics”. Après avoir demandé le départ du gouvernement pour garantir la régularité de la prochaine élection présidentielle, le FLN passe à une étape de revendication. D'autres personnalités politiques, des candidats potentiels au scrutin présidentiel et des partis ont déjà émis le vœu que l'opération électorale ne soit pas gérée par l'actuel Exécutif. Dans une récente déclaration, c'est un membre du Conseil national de la Révolution, Chérif Belkacem, qui lance un appel “pour la plus grande opération de sauvetage après celle de Novembre 1954”. “La fin du mandat présidentiel, affirmait-il, devrait constituer une séquence déterminante, celle de ne plus produire le schéma redondant de l'homme occasionnel s'appuyant sur un programme occasionnel, accueilli comme un homme providentiel”. Chérif Belkacem, favorable à une période de transition, se prononce, en effet, pour un changement qui doit “se réaliser par et dans les institutions”. Ahmed Benbitour, l'ancien Chef du gouvernement, qui a annoncé déjà sa candidature à la prochaine élection présidentielle a, lui aussi, dit son mot sur la nécessité de passer par une transition. Mais sa revendication porte surtout sur le départ du président de la République et de son gouvernement. Idem pour le leader du FFS, Hocine Aït Ahmed qui s'est exprimé en faveur d'une période de transition qui doit se traduire d'abord par le report de l'élection au mois de décembre 2004. Le Forum démocratique des forces patriotiques, né juste après l'invalidation du VIIIe congrès du FLN, ne va pas par trente-six chemins dans sa conception de sortie de crise. En lançant un appel pour un million de signatures “pour arrêter la dictature de Bouteflika”, il demande tout simplement le départ de ce dernier. D'importantes personnalités politiques et historiques ont apposé déjà leurs signatures. Plusieurs officiers de l'ALN, entre autres, Salah Boubnider, Lakhdar Bouragaâ, Omar Boudaoud, Sadek Dehilès, le commandant Azzedine, Mohamed Djeghaba, Mustapha Cherchali, Salah Goudjil, et Rachid Benyellès ont souscrit à la démarche du Forum démocratique des forces patriotiques. Dans un communiqué, publié hier, ce dernier souligne que “la grave conjoncture politique actuelle annonce des conséquences extrêmement dangereuses pour l'avenir du pays. La pratique autocratique et monopolistique du clan présidentiel et son asservissement des institutions de l'Etat ne peuvent s'expliquer que par la volonté de passer outre la souveraineté populaire et de se maintenir au pouvoir quoi qu'il en coûte à l'Algérie”. Contacté, hier, Hamid Lounaouci, secrétaire national chargé de la communication du RCD, déclare que son parti partage “l'essentiel de ce qui est revendiqué par les candidats potentiels et la classe politique qui s'inquiètent de la vassalisation des institutions de l'Etat”. Le responsable du Rassem-blement pour la culture et la démocratie ajoute que la tenue du scrutin dans ces conditions est porteuse de graves dangers et dérives. “À partir du moment où le clan présidentiel a décidé de soumettre toutes les institutions, à commencer par la justice et l'administration, c'est un véritable coup d'Etat qui est mis en place”. Le RCD, soulignera-t-il, refuse que “notre pays soit mis en danger que la cohésion nationale soit mise en péril par ce genre de pratiques autoritaristes”. “C'est pour cela que le parti a depuis longtemps exigé que le gouvernement actuel soit démis et qu'une vraie commission de surveillance des élections, ayant toutes les prérogatives pour contrôler et, au besoin, prendre les sanctions contre l'administration”, déclarera Hamid Lounaouci avant d'ajouter qu'“aucun homme politique sérieux ne peut accepter de participer à une élection dans ses conditions”. Le RCD, dira-t-il, est à “l'écoute de toute proposition de la classe politique”. D'autres partis politiques et des candidats au prochain scrutin ont exprimé, par ailleurs, les mêmes revendications, le PRA, le mouvement El-Islah de Djaballah, Taleb Ibrahimi ont revendiqué le départ du gouvernement Ouyahia. C'est la condition sine quoi non pour leur participation à l'élection présidentielle de 2004. S. R.