Photo : S. Zoheir De notre correspondant à Aïn Defla Madani Azzeddine L'augmentation du prix de la pomme de terre ne cesse d'alimenter la chronique quotidienne de la population. Le prix du tubercule a dépassé cette fois-ci l'imagination puisqu'il est passé dans certains endroits au-dessus de la barre de 100 DA/kg. Cette augmentation est due, selon de nombreuses personnes, à la spéculation qui obéit à la fameuse équation «offre et demande», laquelle fait osciller le prix du tubercule. D'autres personnes, particulièrement les spécialistes du domaine, sont convaincues que cette augmentation est simplement due à une baisse de production pour des raisons purement naturelles. D'ailleurs, la situation était prévisible pour eux. Cette baisse dans la production est due en particulier aux difficultés rencontrées par les agriculteurs dans l'acquisition des engrais nécessaires pour doper cette superficie de terre déjà affaiblie par les plantations à répétition sans prendre en compte le cycle de remplacement du type de culture. Une lecture détaillée des chiffres montre que la superficie plantée, qui était de 10 000 ha, dont 2 000 ha réservés à la semence durant la saison 2007-2008, a baissé en 2008-2009 à plus de 8 300 ha, dont 1 000 ha plantés destinés à la semence. Les perturbations climatiques ont eu un impact négatif sur la dernière récolte d'autant que de nombreux agriculteurs n'ont pas pu procéder celle-ci, ce qui a provoqué le pourrissement du tubercule sous terre. En attendant la nouvelle récolte, prévue en juin, on assiste aujourd'hui à des accusations à l'encontre, principalement, des agriculteurs et aux commerçants auxquels on reproche de stocker le tubercule dans les chambres froides afin d'augmenter le prix et de faire un bon bénéfice. Or, ils sont nombreux à ne pas partager cette thèse. Selon un spécialiste, il est aujourd'hui nécessaire d'importer une quantité de pomme de terre non seulement pour faire baisser le prix mais plutôt pour combler le déficit réel dans la production. «Il faut dès maintenant remédier à cette situation par l'importation et cesser de dire que la pomme de terre est stockée dans les frigos à cause de la spéculation», dira-t-il, ajoutant que le citoyen ne peut pas attendre une récolte qui aura lieu dans 2 mois. En somme, dans cette wilaya à vocation agricole, qui alimente le marché national à hauteur de 30%, la population commence à tourner le dos au tubercule qui a affiché des prix inimaginables et pense déjà à le remplacer par d'autres légumes en attendant que les autorités prennent les mesures qui s'imposent de manière à stabiliser le marché, lequel n'a pas vu l'arrivée de la pomme de terre en quantité habituelle.