Un des dossiers lourds qui s'imposera durant les prochaines années sera indubitablement celui de la sécurité alimentaire. C'est un secteur qui aura une attention particulière tout comme d'autres volets qui figurent dans le programme du président de la République, réélu jeudi dernier à une majorité écrasante. La sécurité alimentaire a été propulsée sur le devant de la scène politique nationale ces dernières années. La cause n'est pas due aux fluctuations enregistrées d'une manière sporadique sur le marché national, des prix des produits alimentaire. D'aucuns ne peuvent contester cette réalité, au demeurant, inquiétante : le secteur agricole souffre en Algérie de nombreux problèmes, à commencer par sa dépendance de la pluviométrie et des aléas climatiques, mais également d'une agriculture rurale qui peine à se développer et devenir un secteur capable de produire et de créer une valeur ajoutée. Du pain sur la planche Certes, plusieurs étapes ont été franchies ces dernières années à la faveur des différents programmes lancés au niveau national et des facilitations octroyées aux agriculteurs. Mais, force est de constater que la facture alimentaire du pays demeure lourde et les importations ont sensiblement augmenté pour atteindre des proportions qui ont fait que même les pouvoirs publics n'ont pas caché leur inquiétude. De 2,5 milliards de dollars en 2003, les importations des produits alimentaires ont frôlé les 8 milliards de dollars en 2008, selon le ministre de l'Industrie M. Temmar. Même si, d'une part, cette augmentation est due à une inflation des prix enregistrés au lendemain d'une crise alimentaire mondiale qui a touché plusieurs pays du Sud, des facteurs internes ont contribué à l'augmentation de cette facture, d'autre part. Mais au-delà de ce constat, il faut relever que la question de la sécurité alimentaire n'est pas la tâche du secteur de l'agriculture uniquement. L'industrie agroalimentaire a, elle aussi, sa part de responsabilité dans cette situation. L'agroalimentaire reste l'otage de moyens et d'une mentalité archaïque. Et c'est ce qui a été confirmé, récemment, lors d'une journée d'étude consacrée à cette filière de l'industrie. Preuve en est aussi les importations des produits agroalimentaires qui ne cessent de tirer vers le haut la facture alimentaire. Outre le secteur agroalimentaire, la filière céréalière occupe une place prépondérante dans le secteur étant donné que l'Algérie est parmi les premiers pays consommateurs des céréales. Selon les estimations du ministère de l'Agriculture, notre pays a enregistré une campagne céréalière des plus basses en 2008 avec une production nationale de 17,3 millions de quintaux, alors que la moyenne annuelle avoisine 34,3 millions de quintaux. Et comme l'agriculture dépend énormément de la pluviométrie, il convient de signaler que cette filière a enregistré durant les dernières années des fluctuations importantes. Ainsi, les fluctuations vont de 9,3 millions de quintaux -dont 7,6 millions de blé- en année sèche, jusqu'à 43 millions de quintaux, en année humide, dont 29 millions de blé. Le pays importe également, régulièrement, quelque 50 millions de quintaux de blé. Donc, à la lumière de ces chiffres, il ressort que cette filière mérite une attention particulière et même un soutien conséquent de la part des pouvoirs publics. Au même titre que les céréales, la production laitière, qui a bénéficié de mesures encourageantes ces derniers temps, nécessite un nouveau souffle. Il faut préciser que l'Algérien est un grand consommateur de lait (pas moins de 110 litres par habitant et par an) ce qui fait que la consommation nationale s´élève à plus de trois milliards de litres dont une grande partie est importée. C'est une raison valable, soulignent les spécialistes, pour augmenter la production et réduire la facture alimentaire par le développement de la collecte du lait notamment. Laquelle, il faut le signaler, a suivi ces dernières années une courbe ascendante, encouragée par différentes mesures incitatives. Néanmoins, elle n'a pas suivi la même tendance que la production qui avoisinerait, selon certaines statistiques, les 2 milliards de litres annuellement. La nécessaire modernisation Globalement, la sécurité alimentaire passerait, précisent les plus avertis, par une modernisation des moyens et une formation pointue et ciblée des ressources humaines. Dans ce cadre, il ne faut pas oublier que plusieurs politiques ont été initiées ces derniers temps et sont en cours de concrétisation ; cependant, recommande-t-on, il faut secouer un peu la ruche. La conscience est là. D'ailleurs, le président de la République avait affirmé lors de sa campagne électorale qu'il accorde un intérêt particulier au développement du secteur de l'agriculture qui, «contrairement au pétrole, constitue une richesse pérenne qu'il convient de développer pour permettre au pays d'atteindre la sécurité alimentaire». Et pour concrétiser son engagement, Abdelaziz Bouteflika compte mobiliser 1 000 milliards DA durant les cinq années pour assurer la sécurité alimentaire du pays. Le Président commencerait par l'aménagement et la finalisation du cadre législatif pour l'exploitation des terres publiques. Il entend aussi renforcer les capacités d'irrigation agricole, y compris dans les Hauts Plateaux où sera conduite la réalisation de grands transferts, à partir des nappes albiennes du Sud. Le président de la République a affirmé aussi dans son programme électoral que les agriculteurs et les éleveurs dont la dette a été rachetée par le Trésor recevront d'importants soutiens et encouragements pour moderniser les cultures, améliorer le niveau de la production, et réduire ainsi le déficit de la couverture des besoins alimentaires de la population. Les circuits de distribution des produits agricoles seront améliorés. Par ailleurs, le premier magistrat du pays va, en outre, «encourager l'investissement national et étranger dans l'agriculture, l'élevage et dans l'industrie agroalimentaire, étant entendu qu'il devra satisfaire d'abord les besoins de notre marché». S. B.