Alors qu'il était attendu sur la révision constitutionnelle, le Président a fait totalement l'impasse sur le sujet, préférant revenir sur la réconciliation nationale et les effort de l'Etat à répondre aux attentes sociales des citoyens. “La paix et le développement sont complémentaires, l'un influant sur l'autre. Et c'est pour cette raison essentielle que nous étions dans l'obligation, ces dernières années, d'œuvrer pour instaurer la paix et la sécurité parallèlement à la concrétisation de programmes de développement colossaux, dans des délais courts visant à effacer les conséquences de la tragédie nationale. Le pays a ainsi fait un parcours prometteur durant lequel il a retrouvé sa place dans le concert des nations. J'ai assumé une lourde responsabilité dans des moments difficiles, je lui ai consacré, avec l'aide de Dieu et du peuple, tout ce que je pouvais comme effort, loyal devant le Créateur suprême à mon pays et respecté mes engagements pris devant le peuple.” Ainsi s'est exprimé le président de la République hier à l'occasion du 46e anniversaire de l'Indépendance et de la Jeunesse au siège du MDN où il a présidé la cérémonie de remise de grades à 22 colonels des différents corps d'armée promus au grade de général. Après un rappel historique sur les sacrifices du peuple algérien et son million et demi de martyrs grâce auxquels l'Algérie est indépendante, le chef de l'Etat est revenu sur la réconciliation nationale, “un parcours qui ne doit pas s'arrêter grâce à la bénédiction de Dieu et l'autre du peuple qui l'a adoptée avec une majorité écrasante s'inspirant des enseignements de notre religion et de nos valeurs nationales basées sur le dialogue, la fraternité et de pardon”. Plus virulent, le discours s'appuie davantage sur l'irrévocable réconciliation nationale pour éteindre les feux de la “fitna” et un fléau contre lequel “nous devons tous nous unir, n'en déplaise à certaines parties qui continuent à semer le doute. Il y a une frange égarée qui prêche par le faux, contredisant la loi divine. Une frange qui tente par tous les moyens d'appâter les jeunes par des fetwas erronées, des idées terroristes et destructrices pour en faire des sources du mal pour leurs familles et leur pays”. Le Président lance un appel à cette frange, les invitant à revenir sur le droit chemin et rejoindre leurs familles pour contribuer au développement du pays. “L'Etat ne lésine, par contre, sur aucun moyen pour faire face à ce qui reste du terrorisme et de la criminalité tout en laissant les portes ouvertes aux repentis, car ils sont avant tout enfants de cette bonne et généreuse terre”, souligne-t-il. Nous sommes réceptifs à vos revendications Abordant le volet de l'emploi des jeunes, le président de la République, tout en rappelant le plan visant à lutter contre le chômage et qui prévoit 400 000 emplois annuellement, s'est interrogé sur certaines mentalités que nous constatons au sein de la jeunesse. “Dans un pays qui met tous les moyens pour atténuer la crise du logement et la dépendance alimentaire leur consacrant des programmes de développement et des ressources financières colossales, nous constatons que des jeunes préfèrent une fonction administrative que de travailler dans les secteurs de l'agriculture et de la construction où les chances existent. Il n'y a pas de sot métier. Le pays a besoin de bras ce n'est pas avec l'administration uniquement que nous pourrons atteindre les objectifs de développement”, insiste-t-il. Compréhensif, le Président explique que l'enthousiasme excessif de la jeunesse ne doit pas être justifié par les actes négatifs : “Nous sommes réceptifs à leur vivacité en exprimant leurs rêves et même leurs doléances et leurs contestations, mais qu'ils le fassent par des manières civilisées, sans recourir à la violence. Il est inexplicable qu'à cause de matches de football, le pays est mis a feu et à sang. Sachez pour cela qu'il y a des parties qui exploitent ces occasions comme il y a des mains pourries qui font dans la corruption en attirant des jeunes dans des rêves aux réalités catastrophiques”. Dans ce sens, le chef de l'Etat avertit qu'eu égard au lourd tribut payé par le peuple algérien afin de retrouver sa stabilité et sa sécurité, les appareils de l'Etat n'iront pas avec le dos de la cuillère avec toute partie impliquée dans une affaire de troubles à l'ordre public pour destruction de biens publics ou privés, et ce, quels que soient le motif invoqué ou la couverture politique. Nécessité de créer de nouvelles circonscriptions administratives Devant les contraintes rencontrées par la population, le Président n'a pas manqué de renouveller son appel aux responsables des administrations, qu'elles soient locales, de wilaya ou centrales afin d'ouvrir les portes du dialogue et de tendre les ponts pour une confiance mutuelle visant au rapprochement avec les citoyens. De même qu'il insiste auprès des organismes et secteurs concernés à activer dans la concrétisation des programmes, notamment ceux destinés aux jeunes. “Le dossier jeunesse est l'affaire de tous. Je lance à voix haute un appel à l'adresse des partis, des associations et toutes les forces de la société civile à contribuer positivement à l'enrichissement et l'élargissement des espaces de dialogue avec cette large et chère catégorie de notre peuple”. Dans le but d'une meilleure prise en charge de la gestion administrative et de rattraper les carences enregistrées au niveau de l'organisation administrative, il apparaît nécessaire, selon le chef de l'Etat, de revoir la question en relevant certaines daïras au rang de wilayas déléguées et ce, en prévision de la création de nouvelles wilayas. La nouvelle organisation vise à encourager le développement, diminuer la pression sur certaines wilayas, marquer une plus forte présence de l'Etat au niveau des zones frontalières exposées à des contraintes particulières, à réduire les distances interwilayas aux fins d'une meilleure gestion de proximité. De même que cette nouvelle organisation sera bénéfique à la région des Hauts-Plateaux et des wilayas du Nord. ALI FARÈS