Le MSP traverse l'une de ses plus graves crises depuis la mort de ses fondateurs Mohamed Bouslimani et Mahfoud Nahnah. La dissidence ouverte déclarée par une partie de la formation islamiste risque d'emporter à jamais son unité, avec la création du «mouvement pour la prédication et le changement». D'un parti où la discipline régnait en maître des lieux, pourtant, le MSP est devenu un champ de bataille politique pour le contrôle du legs de Mahfoud Nahnah. Cette crise ne risque-t-elle pas remettre en cause la prestation du parti au sein de la coalition présidentielle, dont la vocation première est la mise en œuvre du programme présidentiel. Il n'est pas aisé d'y répondre clairement tant qu'on ne connaît pas encore l'ampleur de la dissidence interne à cette formation islamiste. Cela dit, en dépit des déclarations triomphalistes d'un des membres fondateurs de ce mouvement embryonnaire, qui annoncent un transvasement à hauteur de 90% des militants d'une structure à une autre. Il est aussi difficile de répondre si la fronde déclenchée par les dissidents a pour objet de remettre en cause la politique d'entrisme ou s'il s'agit d'une querelle de personnes, même si force est de constater que, d'un côté, les dissidents reprochent à la direction actuelle de «dévier de la ligne» tracée par ses fondateurs. A côté d'autres, dont le cumul par Bouguerra Soltani des fonctions de président du parti et de ministre au gouvernement. Et que, d'un autre côté, la direction, dans ses réponses, accuse les frondeurs de chercher des subterfuges pour remettre en cause l'application des résolutions du quatrième congrès. La conjoncture choisie ne manque pas, elle non plus, de soulever la question du rapport de la scission avec l'élection présidentielle, quoique les deux ailes du parti aient participé activement à la campagne pour la réélection de Abdelaziz Bouteflika à un troisième quinquennat. Cela étant, les regards restent braqués sur le conseil consultatif (majliss echoura), qui se réunira demain jeudi pour examiner la nouvelle situation du parti et les résolutions qu'il prendra à l'égard des militants qui s'étaient auto-exclus du parti, et envisageraient de démissionner du groupe parlementaire du parti. On se rappelle qu'au lendemain du quatrième congrès Soltani, réélu à la tête du parti, avait promis de prendre un certain nombre de mesures coercitives à l'encontre des militants qui sortiraient des rangs, allusion faite aux partisans de Menasra qui refusaient de reconnaître les instances qui en étaient issues et d'y siéger. Des mesures à maintes reprises retardées pour favoriser la mission de bons offices. Seulement voilà, les dissidents ont pris les devants en créant leur propre parti. Le décor est ainsi planté. Le MSP est actuellement au centre d'une énième crise, d'où il est peu probable qu'il en sorte unifié. A. R.