La commémoration du double anniversaire du printemps amazigh 1980 et du printemps noir 2001 s'est déroulée cette année dans une ambiance de recueillement à la mémoire des martyrs de la cause amazighe, de la liberté et de la démocratie et sous le signe de la reconnaissance des sacrifices des aînés. La commémoration de ces événement a débuté par le dépôt d'une gerbe de fleurs sur la tombe de la première victime du printemps, Massinissa Guermah, dans son village natal Agouni-Arious, près d'At Douala, en présence d'une centaine de personnes entre anonymes, délégués du mouvement citoyen venus de plusieurs wilayas du centre du pays, des parents de martyrs et de blessés. «Nous ne sommes pas de ceux qui oublient, nous nous souviendrons à jamais de nos martyrs, morts pour l'identité amazighe et la liberté ; notre combat appartient aux jeunes et c'est dans ce sens que la Kabylie doit s'unir», déclarera Khaled Guermah, père du premier martyr du printemps noir, qui affirmera que «la justice doit être rendue à toutes les victimes assassinées par les gendarmes criminels, receleurs et drogués», des propos qui ont fait l'objet d'applaudissements nourris des présents. Avant de rappeler son opposition au retour des gendarmes, il soutiendra qu'il y a beaucoup moins de drogue, d'agressions et plus de sécurité» depuis le départ de quelque brigades de gendarmerie de la région de Kabylie et rendra «un grand hommage au Pr Mohand Issad, auteur du courageux rapport d'enquête sur les événements du printemps noir 2001. Par la suite, des délégués du mouvement citoyen, des blessés et d'autres parents des martyrs ont pris la parole pour exiger le jugement des assassins, la fin de l'impunité et la nécessité de s'unir». Un délégué de Bouira qui revendiqué l'incendie des urnes dans sa wilaya lors du vote pour la présidentielle du 9 avril dernier a déclaré que «tant que l'injustice domine dans ce pays, il y aura toujours des mouvements de masse comme le nôtre qui prendront la relève». L'ex-porte-parole de la délégation du mouvement citoyen, Belaïd Abrika a répondu à Bouteflika qui avait dit son ignorance, lors de son meeting électoral à Tizi Ouzou, de ce qui avait provoqué les tragiques événements du printemps noir 2001 et rappelé son engagement jusqu'au jugement des assassins. La table ronde ayant pou thème «Pourquoi l'impunité ? Comment pouvoir juger les assassins des 126 martyrs du printemps noir 2001 ?», que devaient animer conjointement, au siège de la CADC, le professeur Mohand Issad et le Dr Kamel Daoudi, a été remplacée par un débat général entre les parents des martyrs, des avocats et des blessés, en l'absence des deux invités qui se seraient excusés à la dernière minute de ne pouvoir y assister. Dans les coulisses de la CADC, on parle de «pressions» sur les délégués pour les inviter à changer de thème (l'impunité, ndlr) de la table ronde. L'absence des deux invités est-elle motivée par la même raison ? L. S.