Ce sentiment reste largement partagé par l'opinion locale. La célébration du double anniversaire du Printemps amazigh et du Printemps noir reste, cette année, différente des précédentes. Cette différence se situe au niveau de l'espoir qu'elle suscite quant à un avenir meilleur pour la région en particulier, et le pays en général. Ce sentiment reste largement partagé par l'opinion locale qui, majoritairement, accorde un intérêt particulier aux évolutions qui se font au grand jour, notamment depuis avant-hier. Incontestablement, le déplacement du chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, à Tizi Ouzou où il s'est incliné en compagnie des délégués du MC des archs devant la tombe de la première victime des événements douloureux du Printemps noir de 2001, reste le fait principal qui a marqué cet événement du 20 avril. Au-delà de la dispersion des rangs que beaucoup considèrent comme un signe de vitalité d'une région, toujours à l'avant-garde du combat démocratique, le geste du chef du gouvernement est, manifestement, le fait le plus commenté, hier, par la rue kabyle. Les citoyens, qui prenaient part aux activités multiples initiées ici et là, ne manquaient pas d'aborder ce déplacement d'Ouyahia en Kabylie. Sa symbolique et ses répercussions sur le quotidien des citoyens sont autant d'éléments soulevés par l'homme de la rue et qui dénotent, on ne peut plus clairement, l'appréciation positive de la chose. Kamel, étudiant à l'université de Béjaïa, parle «d'un tournant décisif dans les relations entre le pouvoir central et la région», en expliquant que «ce tournant décisif se répercutera positivement sur le développement de la région». Son camarade abonde dans le même sens lorsqu'il indique «la fin d'un tabou qui a été préjudiciable pour la région sur tous les plans». Salah, commerçant de son état, situera ce déplacement sur le plan de la normalisation de la situation. «D'abord, je ne suis aucunement surpris par cette visite qui n'est qu'une activité politique normale. Mais, ajoute-t-il, je ne vous cache pas mon sentiment de réconfort de voir enfin ma région retrouver sa sérénité». Pour bon nombre de citoyens, le chef du gouvernement représente l'Etat d'un pays qui comprend la Kabylie, une région qui a autant besoin de gouvernement que les autres régions. Globalement, les citoyens donnent l'impression de se satisfaire de l'évolution de la situation dans la région rendue possible, faut-il le noter, par le lancement du dialogue. Aussi, la région est-elle passée du statut de rebelle à celui de partenaire pour une relance économique que tout le monde attend ici en Kabylie. Une chose est désormais «possible», explique ce transporteur qui a dû faire un déplacement aujourd'hui à Béjaïa pour la traditionnelle marche du 20 avril, non pas en réponse aux initiateurs, mais pour marquer son approbation de ce nouveau départ «fragile», certes, mais «porteur d'un espoir aux lendemains meilleurs». Les mé istent aussi, mais leurs arguments cachent mal leur appartenance politique. Aussi, parle-t-on de ce côté de «provocation», «déplacement alibi» ou encore «d'une fausse normalisation de la Kabylie». En tout état de cause, le déplacement d'Ouyahia et les mots prononcés à l'occasion ont marqué positivement le citoyen kabyle qui fête aujourd'hui une date symbole de l'histoire post-indépendance de l'Algérie. Un anniversaire que tout un chacun souhaite serein et loin des dérapages pour être à la hauteur de l'événement printanier.