De notre correspondant à Tizi Ouzou Lakhdar Siad Après plus d'une année de crise avec des pics d'actions syndicales qui la rappellent à l'opinion publique, l'entreprise d'électro-industrie (ENEL) de Fréha n'est pas encore sortie de la zone de turbulences, à se demander si réellement les pouvoirs publics se sont sérieusement penchés sur sa grave situation qui engendre des pertes en tous genres. Des réunions locales et à Alger, des saisines des conseils d'administration du groupe, des pétitions signées par 590 ouvriers (selon le syndicat), des marches quotidiennes d'une heure (13h-14h) à l'intérieur de l'entreprise, des sit-in devant les bureaux de la direction et le portail de l'ENEL, des grèves de la faim ont été organisés depuis plusieurs mois par la section syndicale qui a même enrichi le répertoire régional (au moins) de la nature des actions syndicales par la «grève du sommeil». Les revendications ? La section syndicale (affiliée à l'UGTA) est arrivée ces deux derniers mois à la conclusion suivante : «Après l'échec de plusieurs tentatives» de dialogue avec la direction, sans le départ du P-DG, aucune autre solution n'est envisageable à leur plate-forme de revendications. Une demande transmise de vive voix par les syndicalistes au premier ministre Ahmed Ouyahia, au début du mois d'avril, lors de ses escales électorales pour la présidentielle à Tizi Ouzou et à Azazga. «Le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, s'est montré très attentif à nos doléances consignées dans un dossier, il nous a déclaré qu'il était disponible à prendre en charge nos revendications ; seulement, il a dit qu'il ne pouvait prendre de décisions dans l'anarchie», nous a affirmé l'un des meneurs des mouvements de grève de l'ENEL. Les actions syndicales sont-elles synonymes d'anarchie pour le Premier ministre ? Le droit à la grève a-t-il été amendé lui aussi ? De son côté, le P-DG, M. Akliouat, soutient qu'il n'a aucun problème avec les travailleurs mais uniquement avec les membres du syndicat, qui, selon lui, ne posent pas de revendications socioprofessionnelles. «Je refuse que le syndicat cogère avec moi l'entreprise ; on n'est pas dans un système de cogestion», poursuit-il. Une crise qui dure. Un véritable climat de tension règne tous les jours dans l'enceinte de l'entreprise où des banderoles visibles pour les nombreux automobilistes de la RN 12 sont déployées sur le long mur de clôture. L'ENEL a vécu de sérieux problèmes de trésorerie au début des années 2000 mais l'effacement d'une dette estimée à 430 milliards de centimes par la banque l'a momentanément sauvée. La revendication de départ du P-DG est perçue comme une demande empreinte d'ingratitude par ce dernier qui, après six années, estime avoir redressé et rendu à l'ENEL sa bonne santé économique et surtout financière. Il soutient que la demande du syndicat n'a aucun fondement juridique ou institutionnel, et ce cas n'est prévu dans aucun texte de loi régissant les entreprises. «Je ne suis pas élu par l'assemblée générale [AG] des travailleurs comme on le fait pour le syndicat mais par le conseil d'administration, seul habilité à me démettre de mes fonctions de P-DG», souligne-t-il. Cela dit, la crise risque de perdurer dans l'un des restes des fleurons de l'industrie de la région de Kabylie où le taux de chômage fait des ravages au sein de la jeunesse rongée par la drogue et le désespoir. Où est l'arbitrage des pouvoirs publics ?