La crise financière qui a secoué les Etats-Unis a eu des répercussions sur l'économie mondiale. L'Algérie en subit les répercussions directes et indirectes. C'est ce qui ressort de l'intervention de M. Hachemi Siagh, directeur de l'entreprise Strategica, spécialisée dans le conseil en management, à l'occasion de la tenue du 4e Forum international de la finance qui se tient depuis hier à l'hôtel Aurassi. Forum auquel a pris part (du moins à la séance d'ouverture) le ministre algérien des Finances, Karim Djoudi, qui a présenté à l'assistance (400 personnes du monde de la finance et des assurances) quelques indicateurs de l'économie algérienne. M. Djoudi a par ailleurs exprimé sa réticence quant à la création de fonds souverains aux fins d'investissement des revenus excédentaires de la balance de paiement. Le premier argentier du pays a estimé que le fonds souverain ne peut pas constituer une solution pour gérer les réserves de changes en ce sens qu'il comportait des facteurs de risques. M. Djoudi a rappelé aux journalistes en marge du forum que «la crise financière engendrée par les crédits hypothécaires à haut risque a touché directement ou indirectement les groupes bancaires internationaux alors que les fonds souverains s'orientent vers des actifs à risques élevés». En somme, pour le ministre des Finances, la création de fonds souverains requiert une décision économique mûrement réfléchie et où tous les risques devront être évalués. Il faut rappeler que beaucoup de pays du Golfe ont créé des fonds souverains qu'ils ont investis non pas aux Etats-Unis ou en Europe mais dans les pays émergents comme l'Algérie. Selon M. Siagh, la motivation de ces investissements dans ces pays est à chercher du côté de la crainte par les émirats du gel de leurs fonds lorsqu'il y a soupçon de blanchiment ou alors pour des raisons de pressions politiques. Pour en revenir aux répercussions de la crise financière en Algérie, le premier responsable de Strategica a cité l'isolement de notre pays du système financier mondial, la fermeture de son compte capital (pour éviter les déficits en devises), l'excédent de liquidités qui sont concentrés chez trois acteurs, en l'occurrence la BEA/Sonatrach avec 13 000 milliards de dinars, le Fonds de régulation des recettes avec 3 300 milliards de dinars et la CNEP banque avec 1 000 milliards de dinars. «Ces sommes sont en constante augmentation et ne sont pas prêtable», a indiqué le conférencier, en raison des ratios prudentiels, des ratios de transformation parce qu'il n'existe pas d'alternative de placements. Quant aux répercussions indirectes, elles se situent, selon l'orateur, dans l'afflux des investisseurs étrangers qui savent que l'Algérie recèle aujourd'hui un important potentiel de croissance, une énergie à bon marché. Mais pas uniquement. Les investissements dans notre pays sont motivés par l'emplacement stratégique, aux portes de la Méditerranée. Ce qui lui permet d'être à proximité des grands marchés européens. La limitation de la croissance en Occident due, entre autres à la crise et au scandale de la Société générale, et les restrictions des mouvements de fonds arabes (pays du Golfe notamment) pour les raisons susmentionnées ont quelque part boosté l'afflux des étrangers en Algérie. C'est ce qu'on appelle l'économie d'échelle. Le conférencier reviendra quand même sur les origines de la crise partie des Etats-Unis d'Amérique relative aux «subprimes». Il ne terminera pas son intervention sans avancer quelques propositions pour ne pas subir les affres de la crise. Ainsi, il proposera la création d'une caisse de dépôt pour collecter les excédents d'épargne, le co-investissement avec les étrangers (à l'instar de Sonatrach qui a pris 10% d'actions dans une compagnie péruvienne), la réalisation d'investissements opportunistes, l'investissement dans les entreprises technologiques internationales pouvant servir de levier de développement, notamment en matière de transfert de connaissances, de technologie de pointe. Il émettra quand même beaucoup de réserves quant à la privatisation du CPA gelée par le gouvernement en raison, officiellement, de l'examen de l'ensemble des paramètres liés à la crise financière internationale. Notons, enfin, que les banques privées installées en Algérie étaient les grandes absentes à ce forum comme aux précédents au demeurant. F. A. Vers un accord algéro-suisse de libre-échange Le 3e round des négociations entre la Confédération suisse et l'Algérie auront lieu prochainement. Elles sont relatives à l'accord de libre-échange. C'est ce qu'a annoncé hier au Forum international de la finance organisé par le Forum des compétences algériennes en Suisse (FCAS) l'ex-président de la Confédération suisse, ex-ministre de l'Economie, Joseph Deiss. Lequel intervenait sur le système financier de son pays, qui est un grand succès. Un succès parce que, a estimé l'orateur, son pays jouit de la stabilité politique, de la force de sa monnaie, mais surtout de l'existence de la surveillance et du contrôle en matière de blanchiment d'argent. A ce propos, il annoncera l'entrée en vigueur, le 1er janvier prochain, de la FINMA, une autorité de surveillance des marchés financiers. «C'est un système qui empêcherait le blanchiment d'argent et l'évasion fiscale.» L'intervenant a fait part de la volonté de la Confédération suisse de coopérer avec l'Algérie. F. A