La compagnie parapublique, Dubaï Ports World (DP World), a lancé une importante politique de développement sur le continent africain, s'implantant à Alger et d'autre pays. Selon M. El Hachemi Siagh, un expert en finances, et directeur général du cabinet conseil en ingénierie financier Stratégica Finance, "les difficultés financières actuelles du conglomérat émirati Dubaï World ne vont pas affecter les activités de sa filiale portuaire DP World en Algérie". Aussi, "ce sont surtout les activités immobilières de Dubaï World qui sont touchées, DP World est l'une des filiales de Dubaï World mais elle ne semble pas touchée par la restructuration", a-t-il répondu à l'APS sur la question relative à une éventuelle répercussion de la crise de Dubaï sur les activités de DP world en Algérie où il compte investir dans un premier temps 108 millions de dollars sur une durée allant de trois à quatre années. L'émirat de Dubaï, avait demandé mercredi un moratoire de six mois sur le remboursement en décembre des 59 milliards de dollars dus par l'entreprise publique Dubaï World qui comprend l'opérateur portuaire DP World et le géant de l'immobilier Nakheel. Selon l'expert, "c'est peut être, d'ailleurs, l'une des premières entreprises dans le monde dans son secteur, c'est surtout le secteur immobilier qui est frappé de plein fouet". Rappelant qu'en novembre 2008, DP World avait signé deux accords avec les entreprises des ports d'Alger et de Djendjen (Jijel) en vertu desquels une concession de la gestion des deux ports d'une durée de 30 ans lui a été accordée. Le partenariat vise notamment la modernisation du terminal principal des conteneurs du port d'Alger et d'augmenter sa capacité qui passera de 500 conteneurs/an actuellement à 800 conteneurs, et s'est engagé également à élargir le port de Djendjen pour lui permettre de recevoir les grands navires et en faire la plus grande station de conteneurs de l'Est du pays. Pour M. Siagh, les parties les plus exposées dans cette crise sont les banques britanniques, ajoutant que les créanciers avaient jugé Dubaï World comme une entité quasi-souveraine et, par conséquent, sa dette implicitement garantie par l'Etat, alors que Cheikh Mohammed, qui gouverne Dubaï, insistait sur le fait que Dubaï world est une société ne faisant pas partie de l'Etat. Précisant que la crise de Dubaï "n'est pas une faillite", il considère que "ce qui s'est passé à Dubaï signifie simplement que la crise mondiale n'est pas terminée". Ainsi, "Dubaï avait essayé de refinancer sa dette mais avec le resserrement du crédit, les banques ne se prêtent même plus entre-elle aussi facilement qu'avant". A la question sur les répercussions de cette crise sur l'économie mondiale, notamment sur les économies de la région, il a estimé que les prévisions des analystes diffèrent sur cette question. Certains d'entre eux estiment que la crise de Dubaï se transformera en crise financière souveraine importante qui affectera les pays en voie de développement et arrêtera les flux de capitaux vers les pays émergents, alors que d'autres jugent que l'Emirat d'Abu Dhabi, avec son fonds souverain de 800 milliards de dollars, ne restera pas les bras croisés et rassurera les marchés internationaux, précisant qu'un défaut de Dubaï World n'implique pas nécessairement un défaut plus large qui minerait l'Emirat de Dubaï ou l'ensemble des émirats arabes unis. "Mais si tout se passe sans beaucoup de dégâts, il y aura quand même un flight to quality", a-t-il avancé. Par ailleurs, toute la région du Golfe, selon lui, fera face à un programme de remboursement de dette assez lourd d'ici 2013. Selon lui, les parties qui seront également touchées par cette crise sont les entreprises notamment européennes et asiatiques qui sont engagées dans les programmes de développement immobiliers, les banques qui ont accordé des crédits immobiliers aux particuliers étrangers dont la valeur des biens a perdu plus de 50% ainsi que les travailleurs indiens qui transfèrent 12 milliards de dollars en Inde annuellement. Il est à préciser que le gouvernement de Dubaï a annoncé lundi qu'il ne garantira pas la dette du conglomérat public Dubai World. Zineb B.