De notre envoyé spécial à Genève Mohamed Ouanezar Deux jours durant, la ville de Genève vivra à l'heure de l'art et de la culture algériens. Un grand moment d'échanges et de promotion de l'art et de la littérature algériens plus précisément. Sur la thématique «Dialogue entre Albert Camus, Jean Sénac, Kateb Yacine, Taous Amrouche, Yasmina Khadra et l'Algérie», l'association algéro-helvétique Suisse Algérie Harmonie (ASA) organisera à Genève une grande manifestation culturelle dédiée aux écrivains algériens d'expression francophone. Le spectacle offert s'inscrit sous l'intitulé de théâtre. Mais, en fait, «la poésie, le conte et les apostrophes littéraires», s'y entrelacent, s'y entremêlent pour enchanter l'assistance et la transposer dans une ambiance idyllique. Celle de nos défunts poètes et écrivains qui ont chanté l'Algérie à travers leurs œuvres littéraires et romanesques. Des écrivains qui ont toujours gardé l'Algérie en héritage dans leur cœur et leur mémoire et n'ont jamais pu couper ce cordon ombilical. Pour certains d'entre eux, bien qu'ils portent des noms européens, comme Jean Sénac ou Albert Camus, Jean Amrouche ou encore Marguerite Taous Amrouche, leur algérianité n'a pas souffert de l'éloignement et de l'exil forcé, ni encore de la marginalisation et de l'occultation volontaires. C'est ce que Sid-Ahmed Agoumi montrera, et démontrera en faisant appel aux textes et aux récits de tous ces auteurs algériens qui ont décortiqué l'histoire du pays à travers leurs écrits et livres. «Sid-Ahmed Agoumi nous offre ici un grand moment d'une Algérie torrentielle, passionnée et douloureuse et éclaire d'un nouveau jour, dans une langue splendide et avec la générosité qu'on lui connaît, la dislocation atroce de deux communautés amoureuses d'un même pays. Cette manifestation se présente cette année encore comme un surprenant vivier de créateurs d'origine algérienne. In fine, cette pièce de théâtre est plus qu'un balcon, c'est une véritable fenêtre sur les cultures de l'autre rive de la Méditerranée», écrit le président de l'association ASA, Benadouda Belghoul. Une invitation au voyage qui mènera le public dans la beauté des textes, des métaphores et des scènes relatant l'enfer de la colonisation, la lutte de libération nationale, l'indépendance et l'Algérie post-indépendance. Une mission difficile que l'artiste algérien, qui reste l'un des rares comédiens algériens à maîtriser et à connaître la littérature algérienne d'expression arabe et française, assumera. Son spectacle, comme nous l'avons signalé précédemment, est une sorte de montage où la poésie, la littérature et le théâtre se confondent dans une symbiose euphonique pour conter et raconter l'Algérie et ses rapports parfois douloureux, tourmentés, ambivalents mais aussi heureux avec ses enfants et écrivains d'outre-mer. Avec les récits de Yasmina Khadra, Agoumi s'efforcera de caresser cette jeunesse rebelle, farouche et vive qu'on ressent dans les écrits de ce talentueux écrivain. Du côté des organisateurs, on affiche un grand enthousiasme pour ce spectacle. «Il fallait oser une telle expérience. Parce que Sid-Ahmed Agoumi est pratiquement le seul comédien algérien plein de ressources et de capacités d'un point de vue culturel et artistique qui est à même de nous livrer de telles merveilles. Passionné de littérature théâtrale et autres, il voue une admiration parfaite aux écrivains algériens d'expression française. D'où sa force», notera M. Belghoul, qui précisera au sujet de la manifestation que «les textes reflètent l'Algérie de la libération, les poètes de l'indépendance, le rapport de ces enfants d'Algérie avec leur pays d'origine, leurs amours et désillusions respectives... Notre activité associative est d'un genre particulier, née d'un besoin précis : faire connaître et promouvoir une Algérie et un Maghreb fiers de leurs diversités, à travers la littérature actuelle d'expression française et arabe et de leur cinéma d'ici et d'ailleurs où toutes les sensibilités ont droit de cité et surtout si elles sont novatrices...». Pour sa part, M. Agoumi, sur un air très poétique, nous relatera son émerveillement pour ces auteurs algériens, «vrais génies de la littérature universelle», ayant su porter dans leur cœur une Algérie qui les a, pourtant, exclus. «L'avantage que j'ai est d'avoir connu et côtoyé tous ces auteurs et écrivains. En fait, ce ne sera pas uniquement du théâtre. Il y aura la déclamation, le récit, l'intrigue, les diatribes, les remontrances, etc. Pour moi, personnellement, ce sera un grand moment de ma vie», notera-t-il. «S'attaquant à la libre adaptation théâtrale de textes littéraires fondateurs d'une identité algérienne métaphorique, il nous livre ici une pièce moderne qui n'en est pas au sens académique du genre, mais une structure romanesque, où se côtoient et s'interpénètrent le récit, le conte, la poésie et même l'humour pour certains passages», écrit le président de l'ASA dans le document de présentation de l'événement. Notons que la nouvelle de l'arrivée de Sid-Ahmed Agoumi à Genève pour donner un spectacle a circulé telle une traînée de poudre au sein de la communauté algérienne et autres.