De notre envoyé spécial à Genève Mohamed Ouanezar L'espace d'un week-end, Genève a été la façade de la littérature et de l'art maghrébins. Et pour cause, le passage de Tahar Ben Djelloun au Salon international du livre de Genève et celui de Agoumi sur les planches de l'Alhambra pour exhumer les écrivains et les poètes de l'Algérie ont constitué deux événements majeurs dans la vie culturelle de la ville. L'interview de Tahar Ben Djelloun, parue dans les colonnes du quotidien la Tribune de Genève sous le titre «Tahar Ben Djelloun, l'hommage au pays», a mis sur orbite le dernier roman de l'écrivain où il est question d'un homme, un immigré, qui a atteint l'âge de la retraite et qui doit rentrer dans son bled, tel un étranger. A quelques pas du Salon international du livre, Agoumi, en géant de la scène, a fait vibrer le théâtre de l'Alhambra. Deux représentations durant, le public genevois ainsi que les membres de la communauté algérienne en Suisse sont restés accrochés aux textes et à la poésie envoûtante de Jean Sénac, de l'Emir Abdelkader, de Malek Haddad, de Bachir Hadj Ali, de Kateb Yacine, de Jean Amrouche, de Mouloud Maameri, d'Ahmed Azegga, de Djamel Eddine Cheïkh. Avec une technique inouïe, Agoumi a fait jonction entre les textes et nous a fait redécouvrir la révolution, les conditions des Algériens durant la colonisation, les événements du 8 mai 1945, l'indépendance et la décennie noire. C'est toute l'Algérie en action et en images que Agoumi a bien voulu nous dépeindre. Pendant plus de deux jours, les radios et la télévision régionale Léman Bleu TV ont diffusé en avant-première et durant tout le week-end les deux événements. L'émission «Genève à chaud» a accueilli le comédien Sid Ahmed Agoumi, le président de l'Association suisse harmonie Algérie (SAH), Belghoul Benaouda, et le journal la Tribune. L'animateur de l'émission, Pascal Decaillier, qui avait reçu en octobre 2008 à l'occasion du spécial week-end cinéma algérien organisé par SAH, sur son plateau, Hamraoui Habib Chawki et Ahmed Rachedi, réalisateur algérien, a montré un grand intérêt pour la littérature algérienne d'expression française et les auteurs algériens et français. «Ce sont des auteurs français, mais qui se disaient algériens», notera-t-il. Agoumi avait répondu : «Mais, nous les avons toujours considérés en tant que tels. Leur nationalisme et leur amour pour la patrie n'ont jamais souffert d'une quelconque équivoque.» «Nous, les Algériens d'ailleurs, nous éprouvons la nécessité d'établir des ponts entre notre pays et notre communauté d'accueil, la Suisse. Nous sommes persuadés que notre connaissance des cultures est une richesse et un barrage contre le racisme», soulignera M. Belghoul.