De notre correspondant à Oran Samir Ould Ali Le procès du réseau transnational de drogue, qui se déroule au tribunal criminel d'Oran, devrait connaître son épilogue aujourd'hui, après trois jours de débats durant lesquels il n'a pas été aisé de déterminer avec précision l'organisation et le mode de fonctionnement de la filière ni de définir clairement le rôle joué par chacun des accusés. Ce que les avocats n'ont pas manqué de relever dans leurs plaidoiries pour souligner la «disproportion» de la perpétuité requise par le ministère public à l'encontre de l'ensemble des 24 prévenus présents : «Le ministère public a parlé d'association de malfaiteurs sans préciser clairement quels en sont les membres et en quel lieu ils ont décidé de la constituer, comme le stipule la loi sur l'association de malfaiteurs. L'accusation n'a pas pu non plus établir qui était le chef et qui était le simple comparse, comment alors requérir la perpétuité pour tout le monde ?» s'est interrogé l'un des avocats en insistant lourdement sur l'absence de preuves dans le dossier de l'accusation «qui s'est basée exclusivement sur les procès-verbaux des premières auditions. Et nous savons tous que, lors de ces interrogatoires, la torture et les sévices sont régulièrement utilisés pour extorquer des aveux. Quel crédit accorder à ce genre d'aveux ?» La torture a également été l'un des éléments clés utilisés par les avocats de la défense pour remettre en cause tout le dossier de l'accusation : «Pendant 13 jours, nos clients ont été torturés, c'est une honte pour l'appareil judiciaire algérien», a violemment dénoncé un autre avocat en insistant sur le fait que la visite médicale a eu lieu «avant les interrogatoires et non pas après. Il est normal que les comptes-rendus de visite ne signalent rien d'anormal». D'autres avocats, après avoir également dénoncé les tortures endurées par leurs clients, ont tenté de démolir l'accusation principale, à savoir l'importation et l'exportation de drogue, qui fait planer sur l'ensemble des accusés la peine de prison à perpétuité : «Qui est l'importateur et qui est l'exportateur ? La loi 19 04-18 du 25 décembre 2004 relative à la prévention et à la répression de l'usage et du trafic de stupéfiants et de substances psychotropes ne peut s'appliquer que sur l'importateur et l'exportateur mais, jusqu'ici, nous ignorons qui est l'un et qui est l'autre. Le ministère public ne nous a apporté aucune preuve formelle sur la culpabilité de nos mandants.»En somme, tous les avocats de la défense ont insisté sur l'absence de preuves pouvant justifier les réquisitions formulées par le ministère public, dénoncé les procédures de la mise en accusation et réclamé l'acquittement de leurs clients.