De notre correspondant à Oran Samir Ould Ali Le deuxième jour du procès du réseau de trafic de drogue, qui se tient au tribunal criminel d'Oran depuis dimanche, a été caractérisé par les réquisitions du ministère public qui a réclamé la prison à perpétuité pour l'ensemble des 24 accusés présents au box, réservant ses réquisitions concernant les 6 autres accusés (4 en fuite et deux sous contrôle judiciaire, absents de l'audience) à la fin de l'audience publique : «C'est une bande organisée qui a été à l'origine de l'introduction de plusieurs quintaux de drogue sur le territoire national, dont une partie a dû être distribuée localement auprès des jeunes Algériens», a-t-il lancé avec véhémence en rappelant que c'est par la faute de pareilles organisations que la drogue est aujourd'hui consommée dans les écoles, les lycées et les universités. Et c'est pour cela que «le verdict devra exprimer la volonté de la justice algérienne à se montrer implacable avec les trafiquants de drogue». Pour le ministère public, il ne fait aucun doute que les accusés formaient une bande spécialisée dans l'importation et l'exportation de la drogue : «L'enquête menée par les services de sécurité a démontré que les accusés se connaissaient et qu'ils travaillaient ensemble dans un trafic de drogue qui embrassait aussi bien nos villes [Ouargla, Oran, Illizi, Maghnia…] que les pays étrangers, notamment la Libye. Elle a également démontré qu'ils sont coupables de tous les faits qui leur sont reprochés et que leurs dénégations n'enlèvent en rien à leur culpabilité.» Au cours de leur audition hier et dimanche, les accusés avaient, en effet, été unanimes à rejeter les charges retenues contre eux, beaucoup allant même jusqu'à nier avoir eu une quelconque relation avec le reste des prévenus : «Je ne connais aucune des personnes présentes et je n'ai jamais eu affaire à elle», a notamment déclaré Belmostfa Saïd, commerçant de fruits et légumes à Ouargla, en affirmant que son calvaire a pour origine une confusion de nom : «Je me nomme Belmostfa, avec un «L» et le nom porté sur le mandat est Benmostfa avec un «N». Je n'ai jamais signé ce mandat et j'ai déjà eu beaucoup de problèmes avec la police à cause de cet amalgame.» Le prévenu est accusé d'avoir signé un mandat postal portant la somme de 850 000 DA, destiné à un autre accusé, Cheikh Louacini, lui-même considéré comme un membre important du réseau de drogue : «J'ai plusieurs fois demandé au juge d'instruction d'ordonner une expertise graphologique, mais il n'a jamais accepté. Je vous assure que je n'ai rien à voir avec le trafic de drogue.» Parlant des interrogatoires qu'il a eu à subir depuis son arrestation, Belmostfa n'a pas hésité à dénoncer les méthodes utilisées par les enquêteurs : «Bien que j'eus toujours nié les faits qui m'étaient reproché, j'ai subi des interrogatoires musclés, été torturé et insulté. Même quand j'ai demandé à lire le procès-verbal avant de le signer, on me l'a interdit. J'ai dû signer sous les insultes…» Lors de leur comparution, tous les autres accusés ont été unanimes à dénoncer les tortures qui leur auraient été infligées durant les premiers interrogatoires. «Tous les aveux contenus dans les procès-verbaux nous ont été extorqués de force», ont-ils affirmé à la barre. Ce que le président du tribunal a eu de la peine à croire : «Aucun document ici en ma possession n'indique que vous ayez subi le moindre sévice», a-t-il lancé en direction d'un des prévenus.