Photo : Riad Par Badiaa Amarni L'élargissement et la généralisation de l'utilisation du gaz propane liquéfié (GPL), carburant aux multiples avantages sont inscrits parmi les nombreuses priorités du gouvernement. Depuis 1984 à ce jour, soit à la date du lancement de cette opération, seulement 170 000 véhicules ont été reconvertis au GPL dont 100 000 l'ont été par le privé, soit 60% du nombre global. Des résultats en déphasage avec les objectifs tracés par l'Algérie inscrits dans sa politique énergétique, mais surtout avec les moyens mis en place pour le développement de ce produit qui n'est pas nuisible à l'environnement. Les opérateurs privés ont contribué à la promotion de ce carburant. Le rôle de Ghazal dans la promotiondu GPL Ghazal a été la première société agréée dans le cadre de cette activité en 1995. Ce premier opérateur privé dans la conversion du GPL a démarré avec un seul centre de conversion à Alger (Hussein Dey), transféré à Birkhadem avant que son activité s'implante depuis peu à Oued Smar, l'opérateur ayant opéré un investissement pour en finir avec les locations.Six autres centres ont ensuite été ouverts, dont trois en 1997 à Oran, et les trois autres à Batna en 1998. Le dernier en date a été inauguré en 2008 à Cheraga qui est un centre spécifique dédié exclusivement à Renault pour la conversion des Dacia. Un contrat tripartite a, d'ailleurs, été signé avec ce concessionnaire automobile et le fournisseur italien LandiRenzo en 2007, selon M. Benyoucef Arachiche, directeur général de la Sarl Ghazal, qui est aussi revenu sur son intérêt de se lancer dans cette activité. «Cette activité a un grand intérêt macroéconomique : consommer le GPL permet de réduire les importations du gasoil», signale-t-il. En plus, «du fait que c'est un carburant très propre, il représente aussi une manne pour les automobilistes, permettant de rouler à 9 dinars au lieu de 22 DA, prix de l'essence. Sans compter que c'est une activité encouragée par l'Etat. Nous avons donc tous les atouts pour développer cette activité», ajoute-t-il. M. Arachiche signale que l'aide de l'Etat pour la consommation du GPL consiste en la baisse de la TVA à 7% et des droits de douane à 5%. La principale clientèle de Ghazal au départ était représentée par les chauffeurs de taxi à 100% qui parcourent de longues distances. «Nous étions seuls et nous avons reçus ces taxieurs venus de tous les coins de l'Algérie. Ensuite, avec l'ouverture des autres centres privés, une autre clientèle, les particuliers, s'est manifestée», fait savoir M. Arachiche, ajoutant que c'est généralement ceux qui roulent beaucoup et qui prennent en compte l'aspect coût carburant qui se rapprochent de nos centres». 60 000 véhicules convertis par Ghazal Pour satisfaire une clientèle sans cesse grandissante, des technologies nouvelles pour cibler tous les types de véhicules ont été introduites. En plus des voitures à carburateur qui étaient les seules à être converties, un large éventail de véhicules, y compris ceux des particuliers, sont devenus convertibles grâce à l'introduction en 1997 du système à injection. Le Groupe Sonelgaz comptait parmi la clientèle importante de Ghazal. «C'est l'opérateur économique le plus porté sur l'aspect environnement, animé par le souci de réduire le budget carburant et d'améliorer l'environnement», atteste le premier responsable de Ghazal. La conversion du parc roulant de Sonelgaz et même les véhicules neufs achetés auprès d'un fournisseur qui a passé la prestation à cet opérateur privé a été entamée en 1996. Ghazal travaille aussi avec les administrations, les entreprises économiques auxquels elle assure et la prestation et le service après-vente. Elle traite également avec les concessionnaires automobiles à l'exemple de Chevrolet qui fait la promotion de véhicules roulant au GPL, Renault auquel une première monte a été faite sur Dacia Logan, Peugeot et Fiat. Globalement, cette entreprise assure avoir contribué pour une part importante à l'opération conversion des véhicules au GPL. «Depuis le démarrage de notre activité à ce jour, plus de 60 000 véhicules ont été convertis», indique son premier responsable. Contraintes et appréhensions des clients Sur les contraintes rencontrées dans ce type d'activité, il dira qu'elles sont étroitement liées aux préjugés émis par la clientèle qui «estime à tort que le GPL est dangereux alors que ce carburant offre plus de sécurité que l'essence». Il explique que «le réservoir essence est en plastique alors que, pour le GPL, il est fait recours à un réservoir en acier fonctionnant à 7 kilos de pression et qui n'explose qu'à 120 kilos». Ce réservoir, selon notre interlocuteur, «est équipé d'une soupape de sécurité et d'un système de fermeture automatique à 80% de volume qui le protège contre tout risque d'explosion». L'autre préjugé concerne plutôt la perte de l'espace de la malle. Mais à ce problème il y a une solution, avance-t-il, puisqu'«il existe des réservoirs toriques, sous forme d'une roue de secours qui peut être mise à la place de celle-ci pour libérer le coffre de la voiture». Sur les coûts d'installation de ce système, M. Arachiche dit qu'ils sont différents et tiennent compte du prix de l'équipement mis en place, des charges de l'entreprise, du coût de la main-d'œuvre, de la garantie et du service après-vente. Ces tarifs prennent aussi en considération le genre du système placé. Quand Naftal casse les prix Le premier responsable de Ghazal a tenu à souligner que jusqu'à un passé récent il n'y avait pas de grandes différences dans les prix pratiqués par les opérateurs intervenant dans ce créneau, jusqu'à ce que Naftal réduise sensiblement ses prix en 2008, ce qui a perturbé le marché. «Nous n'arrivons pas à expliquer cette situation», déclare ce responsable, assurant que les opérateurs privés «ne profitent pas mais contribuent» à la mise en place de la décision des pouvoirs publics pour l'élargissement de l'utilisation de ce produit dont la disponibilité en Algérie est très grande. Pour preuve, ajoute-t-il, lorsque l'opérateur public Naftal était seul sur le marché, les ventes annuelles du GPL étaient fixées à 35 000 tonnes. Ce chiffre a été multiplié par dix, atteignant plus de 300 000 tonnes, précise M. Arachiche, notant que «cette performance n'est pas le fruit du hasard mais bel et bien la contribution importante du privé dans ce secteur d'activité». Rappelant que le privé est complémentaire avec Naftal, le directeur général de Ghazal s'interroge sur «cette volonté de mettre les privés à l'écart et d'afficher une volonté de revenir à un certain monopole, chose qui ne servira ni le développement du GPL ni cette entreprise». Car, en l'état actuel des choses, il y a «de gros risques que beaucoup d'opérateurs privés mettent la clé sous le paillasson puisqu'il est impossible de vendre aux prix de Naftal», affirme M. Arachiche. Et de souligner que «les tarifs de cet opérateur public sont déjà concurrentiels, et nous savons que son souci, c'est convertir plus et consommer plus». Mais les opérateurs privés «ne comprennent pas alors que les centres de Naftal affichent complet et ont des commandes jusqu'au mois d'août alors qu'eux chôment», relève le directeur de la Sarl Ghazal. «Nous sommes parvenus à une situation de blocage qui va à l'encontre de la volonté du gouvernement et du programme tracé pour promouvoir le GPL. Nous avons fait part de nos craintes au premier responsable de Naftal qui a été à l'écoute mais à ce jour aucune solution», dit-il encore. Concrètement, la différence des prix pratiqués par Naftal et les opérateurs privés se décline comme suit. Lorsque l'opérateur public pratiquait des prix de 23 000 DA, le privé était à 28 000 DA pour le kit classique, contre 26 000 DA et 34 000 le kit injection respectivement pour Naftal et les opérateurs privés. Pour ce qui est des kits séquentiels, Naftal les installaient à près de 53 000 DA et le privé à 65 000 DA. Les nouvelles réductions de l'opérateur public sont de l'ordre de 29%. Répartition déséquilibrée des stations GPL Interrogé sur le problème de l'existence des stations au niveau de la périphérie de la wilaya d'Alger, M. Arachiche dira que cette difficulté a longtemps existé avant que l'Etat n'augmente la marge de distribution. Ce qui a incité beaucoup de propriétaires de stations à ajouter la cuve GPL. De grands efforts ont été consentis en matière de distribution puisque, actuellement, 450 stations au niveau national sont équipées en GPL contre 200 il y a 5 à 6 ans. De plus, il y a des distances et des normes de sécurité à observer car la cuve est aérienne, ce qui rend difficile leur implantation au centre-ville, ils se trouvent ainsi à la périphérie. Cela étant, au Centre, la clientèle peut s'approvisionner au niveau d'Hussein Dey, de Ben Aknoun, en plus des stations se trouvant à la périphérie (Zéralda, Chéraga, autoroute d'Aïn Naadja, Semar, Gué de Constantine). «Comparativement aux autres grandes villes, Alger est très bien pourvue. On passait jusqu'à 5 heures de temps devant les stations pour remplir, et maintenant, au bout de 10 minutes, on fait le plein, ce qui a permis de booster le GPL. A Alger, une vingtaine de stations existent», explique le DG de Ghazal.Les clients que nous avons abordés au niveau de la station d'essence de Chéraga relevant de Naftal nous ont fait part de leur intérêt de convertir leur véhicule en GPL. «Etant donné ma profession de taxieur, j'ai pu économiser plus de 50% sur le carburant», nous dit Salim qui remplissait son réservoir. Un autre cadre de l'Etat nous a signalé que «c'est très confortable de rouler au GPL, seulement on ne trouve pas des stations partout, ce qui nous oblige à avoir toujours une réserve d'essence». Sur les tarifs d'installation de ce système, chacun avance un prix. Mohamed, taxieur clandestin, dit qu'il a placé le kit à 25 000 DA. «Même si c'est un peu cher, je gagne beaucoup en contrepartie sur l'essence que j'utilisais et qui me coûtait trop cher.» Tous les automobilistes interrogés ont soutenu que loin d'eux l'idée de la protection de l'environnement et que leur seule motivation était d'économiser de l'argent.