Photo : Sahel De notre correspondant à Oran Samir Ould Ali Une décennie après la remise des titres de cession aux travailleurs, peu de locaux des ex-Galeries algériennes d'Oran ont été récupérés pour une utilisation intelligente et dans l'intérêt de la communauté. La grande majorité des Aswaks el fellah ont été cédés à des entreprises privées et seules quelques Galeries ont été récupérées et confiées à des structures publiques. Il y a quelques années, l'unité Ifri, située sur le boulevard Emir Abdelkader, avait été transférée à l'APC d'Oran, le dépôt régional d'Eckmühl à une structure des PME/PMI, et une partie du siège de la direction régionale de l'EDGO, dans le quartier de Boulanger, transférée à la direction de la jeunesse et des sports. Aujourd'hui, le secteur de l'artisanat a bénéficié des locaux de l'ex-Printania, situé sur l'avenue Larbi Ben M'hidi. Depuis seulement quelques mois, soit en novembre dernier à l'occasion de la Journée nationale de l'artisanat, le centre de facilitation de la PME/PMI s'est installé dans ce nouveau siège et différents artisans exposent leurs produits (poterie, vannerie, couture, céramique…) dans les boutiques aménagées à cet effet. Sans susciter encore le moindre engouement au sein de la population oranaise, l'espace n'en n'offre pas moins un cadre de création que les artisans ont longtemps recherché. Moins bien loti, l'ex-Prisunic, situé à l'intersection du boulevard de la Soummam et de l'avenue Emir Abdelkader, est un chantier délaissé. Depuis que cette imposante structure (deux niveaux pour une superficie estimée à 720 mètres carrés) a été transférée au patrimoine de l'APC d'Oran et que décision a été prise de la convertir en une maison de la culture comprenant un musée d'art moderne, un musée de cartographie, un centre de recherche et de documentation théâtrale, l'ex-Prisunic fait l'objet d'actes de pillage et de déprédation sans que des mesures soient prises pour y mettre fin. Hormis ces anciennes Galeries, toutes les autres sont tombées entre les mains du secteur privé par des procédés plus ou moins douteux, selon une source proche de l'ancienne EDGO et qui avait assisté à toutes les phases par lesquelles la liquidation est passée : «Tous ces opérateurs privés activent dans l'illégalité, affirme-t-elle. En apparence, ils possèdent un registre du commerce, né de la signature de contrats notariés avec les sociétés des travailleurs. Mais en réalité, ces contrats sont illégaux, les travailleurs n'ayant pas le droit de vendre ce qui ne leur appartient pas.» Et de citer les ex-Galeries de la Cité Petit, quartier situé dans l'ouest de la ville, qui, après avoir été attribuées à un collectif des travailleurs, ont été purement et simplement cédées à l'entreprise de commercialisation d'eau minérale Sidi Kebir ; celles de Haï Zitoune qui se retrouvent occupées par une entreprise privée, la Sarl Mateg Sol ; les ex-Galeries de Aïn Turck qui, exploitées par le groupe Khaouadja sous la dénomination Azur Market, et l'unité d'Es Sénia qui sert de locaux à la société de café Boukhari, après avoir été louées à une compagnie française censée importer et, plus tard, produire des médicaments. Cette situation n'a pas empêché le liquidateur de déclarer l'opération de liquidation achevée et de clore le dossier, le 15 octobre 2005 : «L'Etat devrait se pencher sur ce dossier et dépêcher une commission d'enquête», estime encore notre source qui affirme que, si de sérieuses investigations sont menées, la commission se rendrait vite compte que la réalité est différente des affirmations officielles et que la liquidation des entreprises publiques a été un énorme gâchis.