Invisibilité, volontarisme, discrimination positive, quotas et minorité visible. Cinq vocables pour caractériser la situation des Algériennes en politique. Mais tenons-nous bien, le volontarisme politique algérien est prêt à remédier à la sous-représentation chronique des femmes en politique, singulièrement dans les institutions élues. Le moyen : le volontarisme et la discrimination positive. Le volontarisme, c'est une impulsion par le haut, une action verticale exprimée en deux temps-deux mouvements. C'est le nouvel article 31bis qui, depuis le 12 novembre 2008, constitutionnalise une meilleure représentation des femmes dans les assemblées élues. C'est aussi une instruction présidentielle au ministre de la Justice, le 8 mars dernier, pour mettre en place une commission en rapport avec le contenu du théoriquement révolutionnaire 31bis. Sitôt dit, sitôt fait, la parole suprême étant par ces temps-ci une devise forte. En un temps record, c'est-à-dire un time money comme l'appellent les Anglais, la commission en question où il y aurait tout de même plus d'hommes que de femmes, a phosphoré, planché et pondu un «avant-projet de loi organique» franchement révolutionnaire. Cette auguste commission a tout simplement proposé le principe du quota de 30%. De quoi s'agit-il au juste ? Sous réserve de validation par le Conseil des ministres et d'une éventuelle adoption par le Parlement, les partis politiques, nouveaux ou anciens, doivent disposer dans leurs instances dirigeantes d'une proportion de 30% de femmes. Mieux, il leur serait fait obligation de mettre autant de femmes en position d'éligibilité sur leurs listes électorales ! Les partis en quête d'agrément qui ne s'y conformeraient pas ne seraient pas agréés. Ceux qui mettraient leurs femmes en mauvaise position électorale, verraient leurs listes invalidées. Franchement, pour un pays où certains disent «hachek», et pas seulement au sens politique, lorsqu'ils évoquent la femme en privé, c'est franchement iconoclaste, révolutionnaire même. Une vraie révolution copernicienne, si par bonheur elle serait traduite dans les textes et dans les faits ! On vous le disait bien, impossible n'est pas algérien… Ce futur éventuel «30%» est à apprécier et à savourer à la lumière de l'état actuel de la représentation politique féminine. En la matière, l'arithmétique est consternante : 30 députées sur 389 représentant 21 partis, 5 sénatrices sur 144, y compris en considérant le «tiers présidentiel» coopté. 3 femmes ministres, dont une seule n'est pas une sous-ministre. Dans les partis, à titre d'exemple, l'islamiste MSP compte deux femmes dans sa direction alors que le «démocrate», «moderniste» et «laïc» RCD, n'en a qu'une. Alors, apprendre qu'une honorable commission ad hoc veut rendre obligatoire un quota de 30% pour les femmes en Algérie, faisant éventuellement mieux que Français, Espagnols, Belges et mêmes Allemands, donne envie à un homme de pousser des youyous ! Bien sûr, cet optimisme bon enfant ne doit pas faire oublier le principe de réalité. Cette généreuse préconisation de ladite commission doit subir l'épreuve des faits. A savoir que les futures dispositions ne soient pas dévoyées. Que les femmes qui feront partie des «30%» ne seront pas des faire-valoir ou des alibis politiques. Qu'elles seront choisies sur la base des seuls critères de compétence que les Algériennes sont en mesure de faire largement valoir. Il est vrai qu'en matière de représentation politique des femmes, le rêve est parfois un hallucinogène dont il faut user modérément. Si, ailleurs, on trouve plus d'une dizaine de femmes au commandes d'un pays, y compris dans certains pays musulmans et du Tiers-monde, ce n'est pas demain que l'on verrait en Algérie une femme Premier ministre, même pas, peut-être, vice-Premier ministre dans le futur vrai premier gouvernement de rupture épistémologique espéré du 3ème mandat. Ne jamais l'oublier : si nul n'est prophète en son pays, les femmes en terre d'islam, et l'Algérie en est une, bien orthodoxe, les femmes ne sont pas prophétesses pas plus qu'elles ne sont imams… en politique. Une Ségolène Royal ou une Benazir Bhutto algériennes, demain ? Cherchez la réponse auprès de la porte-parole du Parti des travailleurs algériens, une certaine Louisa Hanoune. Réponse garantie avec accusé de réception… N. K.