La première traduction des poèmes du regretté Palestinien Mahmoud Darwich en tamazight, grâce à la plume d'Ahmed Salim, a été présentée dimanche dernier dans le cadre de l'espace culturel «Echos de plumes» du Théâtre national algérien (TNA) et de la manifestation «El Qods, capitale éternelle de la culture arabe 2009». Lors de cette rencontre, Ahmed Salim a déclamé des poèmes de Mahmoud Darwich alternativement en tamazight et en arabe classique. Homme de radio, il a charmé l'assistance par sa diction poétique, modulant sa voix au rythme de l'émotion qui a imprégné les vers, restituant toute la beauté de l'âme poétique de Mahmoud Darwich. «Au-delà de son engagement viscérale pour la cause palestinienne, ce qui m'attire chez ce grand poète, c'est le contexte de cette poésie qui est proche de nous en tant qu'Algérien», a expliqué le poète, journaliste et homme de culture Ahmed Salim. Il précise que cette similitude se traduit chez le poète palestinien soit par les thèmes abordés, soit par les paysages décrivant les orangers, les figuiers et les oliviers. Il relèvera également l'aspect humaniste de l'œuvre de Mahmoud Darwich, lequel «en authentique virtuose exprime avant tout les souffrances de l'âme humaine. Au-delà de son invidualité, sa poésie véhicule les malheurs qui frappent les êtres humains, lui donnant un cachet incontestablement universel». Interpellé sur le fait que «traduction rime avec trahison», Ahmed Salim rétorquera : «J'adore cette trahison. Mais j'essaie toujours de restituer l'essence et les principes techniques du poète que je traduit.»Il expliquera que, pour la traduction des poèmes de Mahmoud Darwich, une force invisible guidait sa plume. C'est «comme si Darwich était assis à côté de moi et qu'il me donnait son avis au fur et à mesure de ma traduction. Je reconnais que, parfois, pour restituer la force d'un mot empli de profondeur, il m'arrive de l'exprimer à travers toute une phrase ; mais le plus important pour moi est de rester fidèle à l'âme de sa poésie». Ahmed Salim n'en est pas à sa première «trahison», il a déjà présenté dans son émission sur la Chaîne II des traductions de poèmes d'auteurs universels, à l'instar de ceux de Jean Sénac, Omar El Khayam et Djibran Khalil Djibran. Homme de culture aux multiples talents, Ahmed Salim a intégré l'univers de la presse écrite en 1981 ; il est le premier journaliste à avoir signé une édition en langue amazighe dans la presse algérienne. En 1994, il entre à l'ENTV, où il produit plusieurs émissions culturelles : Noir et blanc, Lamasset et, en ce moment, Fussoul. Parallèlement à cela, il continue d'animer et de produire sur la Chaîne 2 des émissions culturelles dédiées à l'art en général et à la poésie en particulier. La rencontre d'«Echos de plumes» s'est clôturée par une émouvante déclamation d'Ahmed Salim dédiée à ses deux filles présentes à cette rencontre culturelle. S. A.