Le metteur en scène irakien Fadhel Abbas Al Yahya était, dimanche dernier, l'invité de la rencontre culturelle Echos de plumes organisé par le Théâtre national algérien (TNA) pour présenter la nouvelle production du TNA intitulé Massraa, dans le cadre de la manifestation «El Qods, capitale éternelle de la culture arabe» dont la générale sera donnée demain à 19 h sur les planches du TNA. Le metteur en scène a expliqué aux présents que cette nouvelle pièce est le fruit de plusieurs ateliers qui se sont déroulés récemment. «Le plus important est de permettre au public de regarder une proposition esthétique. Il ne s'agit pas de réussir ou d'échouer, mais plutôt d'œuvrer sincèrement pour cette mission noble du quatrième art», soulignera-t-il. Massraa relate l'épopée d'une ville convoitée par des étrangers qui usent de ruses pour diviser les habitants et profiter ainsi de leurs querelles et de leur passivité face à l'éclatement de leurs valeurs identitaires afin de prendre possession de la ville. L'approche théâtrale de cette œuvre se veut épique. Cette atmosphère est traduite tant dans l'attention particulière qui a été portée à la scénographie que dans le jeu des comédiens. Par ailleurs, Fadhel Abbas a mis en exergue le souffle de «résistance révolutionnaire qui porte toute la pièce» Ce souffle est présent dans le texte, la scénographie et dans la direction des expressions corporelles des comédiens. Le dramaturge irakien explique cette démarche par le fait que «la culture est synonyme de révolution. Le véritable intellectuel est celui qui s'oppose à toute forme d'agression ou de répression que subissent ses semblables. Il est le premier maillon de la société pour tout changement révolutionnaire. A travers les siècles, l'intellectuel, au sens noble du terme, a toujours été à l'avant-garde des idées révolutionnaires tant sur le plan humaniste que sur le plan culturel. Le théâtre depuis l'Antiquité a été l'art le plus percutant pour porter le message de ces idées révolutionnaires. Car il englobe plusieurs arts, d'une part, et, d'autre part, et il est l'interlocuteur direct du peuple». A propos de la thématique de la pièce, le metteur en scène a préféré opter pour la symbolique plutôt que pour les dénominations directes. Il expliquera ce choix en soulignant que «le message que l'on veut transmettre est celui que tout ce qui arrive à Massraa peut arriver dans n'importe quelle ville, si elle ne se bat pas pour préserver son identité». Il a également précisé que, dans cette œuvre, il n'y a pas de premier ou de second rôle, mais tous les personnages présents sur scène ont un rôle important dans cette épopée. Ainsi, «il n'y a pas de héros individuel mais des héros collectifs». Cette nouvelle œuvre théâtrale est adaptée par Mohamed Mamoun Hamdaoui à partir d'un texte littéraire du regretté dramaturge Kacem Mohamed, récemment décédé. Fadhel Abbas a rendu hommage à l'artiste disparu en soulignant l'importance de ses travaux dans le domaine du quatrième art en général et en particulier en Algérie où il a contribué l'année dernière à de nombreux ateliers. Le comédien Abdelhalim Zribi, qui interprète le rôle du derviche dans Massraa, a lui aussi rendu hommage au regretté dramaturge, par la déclamation d'un extrait du texte de Kacem Mohamed. Avec son indéniable talent, le comédien a réussi à émouvoir l'assistance. S. A.