La perception de l'Afrique et de l'Orient par les écoles artistiques et littéraires françaises et anglo-saxonnes a été au centre des débats du colloque international qui se tient à Oran. Les participants à cette rencontre, dont le thème est «regards croisés sur deux espaces : l'Afrique et l'Occident», ont relevé les nuances de l'approche esthétique de l'Afrique et de l'Orient par les deux écoles. «Ces nuances s'expliquent par la prégnance de l'imaginaire et des fantasmes coloniaux des artistes français du 19ème siècle», dira Richard Parisot de l'université de Franche-Comté (France). Illustrant ses propos par une analyse des œuvres d'artistes peintres allemands, autrichiens et suisses datant des périodes antérieures au 20ème siècle, il précisera que les artistes et les intellectuels allemands ou germanistes en général de cette période se comportaient face à l'Orient «de manière plutôt classique et académique et non politique, voire impérialiste». L'expansion allemande n'a commencé qu'après le début du 20ème siècle, a rappelé M. Parisot, pour souligner l'influence de l'idéologie colonialiste sur les produits artistiques et littéraires.Abondant dans ce sens, Richard Sibley de l'université Paris-Nord, partant de l'analyse d'œuvres picturales réalisées au 19ème siècle par des artistes britanniques en Algérie, a indiqué que ces derniers représentaient les Algériens, notamment les femmes, à travers une «approche anthropologique et non érotique». Cette rencontre a également permis de corriger certaines idées «erronées», véhiculées à dessein ou inconsciemment par les Occidentau comme celle du «statut dégradant» de la femme attribué à l'emprise de la religion musulmane alors qu'il est le fait de traditions rétrogrades souvent antérieures à l'islam, a précisé Lakhdar Barka de l'université d'Oran. Une vingtaine de communications figure au programme de ce colloque de deux jours auquel participent des chercheurs et universitaires algériens, français, anglais, maltais et grecs.