De notre correspondant à Tizi Ouzou Malik Boumati Fait-on le maximum pour que les enfants et les jeunes s'intéressent à la culture ? C'est une question piège à laquelle toute réponse serait relative. Et pour cause, il y a toujours des choses à faire encore pour attirer les plus jeunes vers le domaine de la culture. C'est-à-dire que l'on n'en fait jamais assez à ce titre, tant cette question doit être considérée comme un point central dans le développement cognitif de l'enfant au sein de sa société. La seule question qui se pose, à cet effet, est celle de l'importance des lacunes qui caractérisent cette politique d'intéressement dans chaque wilaya du pays. Et cette question se pose de la même manière dans la wilaya de Tizi Ouzou puisque, quel que soit ce qui se fait dans ce domaine, ce n'est jamais suffisant, particulièrement dans une région où il n'existe qu'un musée, consacré exclusivement à la guerre de libération nationale et où la majeure partie de l'action culturelle est axée sur les festivités, et non sur les apprentissages et l'initiation. Il y a, cependant, une action dans ce sens qui mérite d'être relevée. La convention signée en 2002 entre la direction de l'éducation de la wilaya et l'annexe du Musée du moudjahid à Tizi Ouzou permet à des centaines d'écoliers de participer à des visites guidées qui leur donnent un aperçu très exhaustif de la guerre de libération nationale telle que menée dans la wilaya III historique. En effet, des instructions ont été données aux directeurs des différentes écoles de la wilaya de Tizi Ouzou pour organiser des visites au musée avec la collaboration des communes concernées. Selon M. Farid Djouaher, le premier responsable de ce musée, l'institution qu'il dirige accueille des élèves et leurs enseignants tout au long de l'année scolaire, et ce, après que la direction de l'établissement scolaire concernée l'a contacté et a préparé la visite afin qu'elle puisse avoir lieu dans de bonnes conditions. Notre interlocuteur signale également que des visites guidées sont organisées au profit des participants au festival culturel local qui viennent de différentes wilayas du pays. Mais, il est vrai que la wilaya de Tizi Ouzou manque énormément d'infrastructures culturelles. Surtout en ce qui concerne la réalisation de nouveaux musées qui traiteraient d'autres thèmes que celui de la guerre de libération nationale, les enfants devant savoir aussi que l'Algérie n'est pas née en 1954 et que leur pays a une histoire de plusieurs millénaires à raconter. Les hommes de culture de la wilaya de Tizi Ouzou ont souvent revendiqué la réalisation d'un conservatoire de musique et d'autres structures ainsi que la réhabilitation et la réalisation de salles de cinéma. Les pouvoirs publics ne rejettent pas ces requêtes et se disent même conscients de la nécessité de répondre favorablement à ces revendications. Mais, entre la parole et l'acte, il y a un fossé de plusieurs années. Et l'exemple le plus expressif reste le projet du théâtre régional Kateb Yacine dont la réhabilitation traîne en longueur depuis quelques années déjà. Et d'aucuns sont convaincus que c'est une infrastructure qui va nouer une belle relation entre les jeunes et le théâtre, surtout que cette discipline culturelle semble bien sortir du lot parmi les disciplines qui ont résisté au désert culturel des années quatre-vingt-dix. La maison de la culture Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou avec tous ses ateliers d'apprentissage et d'initiation ne peut répondre aux exigences culturelles du futur, tellement c'est une structure partagée, voire déchirée entre des dizaines de disciplines et d'activités différentes. Et à force de courir plusieurs lièvres à la fois, il est toujours difficile d'exceller dans les actions menées.