Lorsqu'il a été appelé pour présider aux destinées du gouvernement le 24 mai 2006, personne n'était réellement convaincu que Abdelaziz Belkhadem allait rester plus de deux ans dans ce poste. Mais ce natif d'Aflou, à Laghouat, un certain novembre 1945, en voulait tellement qu'il n'avait même pas le temps et même le ton- de changer de gouvernement. Il avait repris, tel qu'il était, l'Exécutif que présidait Ahmed Ouyahia. Mais, à l'époque, le débat était surtout sur le volet social. Le chef du FLN, intronisé en janvier 2005 à la tête de l'ancien parti unique après une âpre bataille qui aura duré deux ans autour de la présidentielle de 2004, accentuait la pression sur Ahmed Ouyahia qu'il accusait de tous les maux. Seulement, celui qui représentait pendant les années 1990 l'aile conservatrice du FLN ne savait probablement pas qu'entre les discours et la réalité, il y a bien une différence très importante. Il est vrai que celui qui avait présidé l'APN au début des années 1990 avait bénéficié de la bénédiction du Président. Puisque dès sa nomination, plusieurs projets, bloqués pour plusieurs raisons du temps de Ouyahia, étaient dépoussiérés. Il a permis, ainsi, de mettre à jour le nouveau statut de la fonction publique. C'est aussi sous sa présidence que le gouvernement signa, en septembre 2006, le Pacte national économique et social largement préparé par son prédécesseur. Et, cerise sur le gâteau, c'est lui qui signe le décret portant nouvelle grille des salaires et de nouvelles majorations sur les salaires des fonctionnaires. Ce que Ouyahia qualifie de «populiste» parce qu'il ne répond pas aux critères rigides des économistes. Sauf que ces avantages ont été mal exploités. Et il fallait attendre le retour de flammes. Sur le plan économique, le désarroi est perceptible. Et malgré l'augmentation des salaires, la contestation sociale n'a pas décru. Bien au contraire. Les observateurs les plus avertis ont même avancé que le gouvernement navigue à vue, malgré des efforts de communication indéniables. Sur le plan politique, on reprocherait à Abdelaziz Belkhadem son manque de charisme qui fait qu'il a souvent du mal à imposer son autorité au sein de l'Exécutif. Chose qui lui a souvent posé d'énormes problèmes. Une des raisons qui ont poussé à sa révocation. Et ironie de l'histoire, il est démis au lendemain d'une visite d'un chef de gouvernement étranger. Tout comme Ouyahia en 2006. A. B.