La grève, un mot qui ne cesse de revenir comme un leitmotiv depuis la rentrée universitaire de cette année. Hier encore, les professeurs, docents et maîtres assistants en sciences médicales ont replongé le monde hospitalier et universitaire dans le débrayage contestataire. Comme ils l'avaient promis lors de leur dernière assemblée générale, tenue le 27 avril dernier, les hospitalo-universitaires ont reconduit une grève des activités de santé cyclique de trois jours par semaine et ce depuis la journée d'hier. A cet effet, force est de constater que cet arrêt de travail a paralysé toutes les activités de soins et de prévention, les consultations ainsi que les examens d'exploration biologique et d'imagerie. Seules les urgences ont continué à assurer leurs services normalement. Mais le bât blesse quand ce mouvement de grève met carrément en péril l'enseignement en sciences médicales puisqu'il a été décidé de poursuivre le boycott illimité de tous les examens et concours. Ainsi, les examens de graduation et de post-graduation, les DEMS, les concours de résidanat de professorat, de docentat de maîtrise d'assistanat et même les jurys de thèse, tous ces rendez-vous incontournables pour les étudiants en médecine sont sérieusement compromis. Toutefois, se voulant être un boycott et non une grève, les hospitalo-universitaires ont assuré normalement les cours, les conférences ainsi que les travaux pratiques et dirigés. Cette situation, inquiétante à plus d'un titre, ne rassure guère les étudiants en sciences médicales. Ces derniers n'ont pas hésité, rassemblés sous le slogan «SOS, étudiants en détresse», à exprimer leur inquiétude face au boycott annoncé depuis le mois de janvier dernier des examens par les enseignants en sciences médicales. «Même si la grève cyclique des trois jours des enseignants ne concerne pas l'arrêt de cours, les grévistes comptent boycotter les examens. On se demande alors comment la fin d'année s'annonce pour nous ? Nous sommes otages d'une situation qui nous ne concerne même pas. C'est vraiment injuste», témoignent de nombreux étudiants interrogés à ce sujet. De son côté, le Professeur Djidjeli, porte-parole des universitaires, renvoie la balle dans le camp des pouvoirs publics en les accusant de vouloir envenimer la situation. Dans ce sens, ses déclarations à la presse ne laissent filtrer aucun fléchissement. «Il est inadmissible que deux ministères signent le procès-verbal sur la prise en charge d'une revendication précise et que cinq mois plus tard, rien n'est fait. Nos deux syndicats se sont également engagés à arracher cette rétribution qui est un droit. Si les deux ministères continuent à dire que la satisfaction de cette revendication n'est plus de leurs prérogatives, ils n'ont qu'à le faire d'une manière explicite et à ce moment-là, nous interpellerons le Premier ministre pour s'exprimer publiquement sur la situation. Et que les deux ministères cessent de répéter que nos revendications sont légitimes. Nous affirmons à ce stade de la lutte que le risque de l'année blanche viendra de l'incapacité des pouvoirs publics à gérer ce conflit. La balle est dans leur camp», affirme-t-il dans les colonnes de notre confrère le Soir d'Algérie. Alors se dirige-t-on vers une année blanche ? Pour le recteur de l'université d'Alger, Tahar Hadjar, il n'en est pas question. Hier, lors d'une rencontre organisée par le quotidien Echaab à l'occasion du centenaire de la fondation de l'université d'Alger, il a catégoriquement exclu le risque d'une année blanche pour les étudiants de la faculté de médecine. «Il n'y a pas lieu de craindre une année blanche», rassure-t-il, tout en soulignant que «des examens seront organisés à la fin juillet pour rattraper le retard dû à la grève observée par les enseignants de cette faculté». A ce propos, Tahar Hadjar a précisé avoir convenu avec les responsables de la faculté de prolonger l'année universitaire afin de pouvoir organiser les examens de fin d'année entre le 15 et 20 juillet prochain. Enfin, sur un autre chapitre, le recteur de l'université d'Alger a également indiqué que le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique n'était pas concerné par la revendication de revalorisation de la prime revendiquée haut et fort par les hospitalo-universitaires. «Le ministère a introduit une requête judiciaire contre les grévistes et a eu gain de cause», a-t-il rappelé en dernier lieu. A. S.