Photo : S. Zoheir De notre correspondant à Oran Mohamed Ouanezar Parler de bibliothèque dans une ville comme Oran reviendrait à évoquer un secteur en errance et en parfaite dislocation. Des bibliothèques existant dans le tissu urbain de la ville, une seule a le titre de bibliothèque régionale. Mais sans plus. Les autres bibliothèques, qui se comptent sur le bout des doigts, appartiennent à des institutions et des organismes comme les sœurs, Cervantès et le CCF. Dotés d'ouvrages anciens qui n'ont pas été renouvelés depuis des lustres, la culture n'étant pas le fort de nos élus locaux successifs, la bibliothèque régionale reste en fait un simple refuge pour des couples en mal de repères. Durant les périodes des examens, certains lycéens prennent d'assaut la bibliothèque pour des révisions individuelles et d'autres collectives. Le brouhaha incessant qui imprègne l'ambiance dans cet espace ne renseigne pas forcément sur sa véritable nature. Pourtant, la bibliothèque régionale qui est en fait dépendante de la commune d'Oran bénéficie, de temps à autre, de dons d'institutions et autres organismes étrangers. C'est le cas de «l'envoi, en juillet 2006, de livres désaffectés des collections de la bibliothèque universitaire Victor Ségalen en faveur de la bibliothèque municipale et de la bibliothèque régionale de l'Assemblée populaire communale d'Oran» dans le cadre de l'accord de jumelage entre les villes de Bordeaux et d'Oran. Ce qui n'a pas amélioré sa situation, outre mesure, faut-il le signaler. Pour subsister, la bibliothèque régionale abrite de manière récurrente et permanente des expositions et salons de livres d'institutions, souvent, en déphasage avec les besoins scientifiques et technologiques exprimés. En bas de la bibliothèque se trouve le siège de la fameuse médiathèque inaugurée par le président de la République au cours de son premier mandat. A l'époque, les responsables locaux s'étaient arrangés pour fournir et équiper cette structure d'ouvrages, de télévisions, d'ordinateurs et autres écrans plasma. La connexion Internet à bon prix, la connexion Intranet pour les besoins de la documentation, la vidéothèque, etc. faisaient la fierté de plus d'un à Oran. Aujourd'hui, on ne peut pas en dire autant de cette structure devenue un endroit presque fantôme, abritant un cimetière pour ordinateurs et moins d'une dizaine d'ouvrages désuets. Avec un personnel pléthorique chômant à longueur de journées, l'absence de connexions Internet et des ordinateurs hors d'usage, la médiathèque n'est, en fait, que désolation. Ceux qui ont eu à la gérer ont bénéficié de promotions au sein de l'administration locale et ont même réussi à accéder à des postes électoraux. Des projets en souffrance Parallèlement à cette situation de décrépitude avancée, la commune d'Oran avait bénéficié de trois projets de réalisation de bibliothèques. Mais, les travaux de réalisation de ces trois bibliothèques au niveau de la cité populaire de Petit Lac et dans le quartier d'Es Seddikia n'ont toujours pas vu le jour et ce, après plus de deux ans et demi. Malgré une enveloppe financière préliminaire de 60 millions de centimes allouée à cette opération, le projet a été jeté aux oubliettes. Deux autres projets concernant la réalisation de deux centres culturels connaissent des retards considérables. Il y a lieu de signaler que le projet de réalisation de ces trois bibliothèques communales a été évalué à plus de 12 millions de dinars. C'est dire tout l'intérêt qu'accordent nos élus et responsables locaux à la culture.