Le concert de Ridan a fait salle comble lundi dernier à la salle Ibn Zeydoun de Riadh El Feth et il a aussi su porter l'enthousiasme et l'exaltation du public algérois à son comble. Un public majoritairement constitué de jeunes qui se sont laissé prendre par chaque étincelle musicale embrasée par l'artiste algérien spécialement venu de France pour eux. C'est d'abord les musiciens qui ont rejoint la scène, le guitariste acoustique en premier sur un air effréné. Place ensuite au guitariste électrique, au bassiste, au batteur et au pianiste qui on suivi le rythme. Après quoi, lumière sur la star de la soirée, Nadir Kouidri, Ridan de son nom d'artiste, dont l'entrée sur scène a été plutôt circonspecte. Et malgré une certaine retenue dans les premiers instants de la soirée, sa tenue vestimentaire plutôt «cool» annonçait déjà une soirée décontractée. Et c'est après une première chanson qui a pu révéler le style propre de Ridan oscillant entre rap, slam et variété française que l'artiste s'adressera à son public pour lui dire toute son émotion d'«être à Alger en cette soirée, après 14 ans d'absence», et lui confier également sa timidité. Mais le public aura vite fait de se rendre compte que Ridan est tout sauf timide, car il s'est bien lâché et a su remplir chaque parcelle de la scène qui lui été réservée le temps de ce concert : entre danse, mouvements d'exaltation, et chant, il a su faire vibrer la jeunesse algéroise présente. Dès le troisième titre, 60 millions d'amis, qui raconte ses rapports avec la France, une ambiance folle s'installe dans la salle. Ridan et ses musiciens scandent ces musiques qui les habitent et le public déchaîné suit les rythmes avec ferveur ! Et il ne faudrait pas croire que Ridan n'était là que pour divertir la foule, car ces textes étaient tout aussi expressifs, entre dénonciations du racisme, et vaticinations poétiques et cyniques sur l'existence humaine, il a de quoi marquer les esprits. Quelques extraits pour découvrir l'univers de cet artiste : «J'ai souvent cette image. D'un monde qui n'est pas mien. De l'admirer, de le pleurer sans y trouver le lien. Comme un tableau que l'on peint aux nuances impossibles. Les couleurs sont présentes comme un pinceau sans la cible […] Espérons que l'espérance nous donne encore la chance, d'avoir de la raison pour pouvoir aimer la France…» Et avant de passer à un autre titre, l'artiste s'adressera encore à un public qu'il saura si bien animer, pour lui annoncer que c'était une soirée un peu exceptionnelle du fait que c'était son anniversaire. Et le public très enthousiaste n'a pas manqué de lui souhaiter un heureux anniversaire en chœur. Il invitera juste après quelques enfants, des petits de 9 à 10 ans et des grands de 22 à 25 ans, à le rejoindre pour la formation d'une chorale improvisée. Ce qui a mis encore plus d'ambiance dans la salle… tellement que la majorité des personnes présentes se sont rapprochées de la scène pour mieux y apprécier le délire musical de Ridan et puis surtout pour frénétiquement danser. Textes incisifs, subtilement versifiés en musiques précises et passionnément entraînantes : le public a été, le soir de lundi dernier, complètement emballé, et n'a pas vu l'heure passer. Eh oui, tout le monde a été surpris quand Ridan a annoncé que le concert était déjà fini. Mais le public enflammé en voulait encore. Après cinq minutes environ d'ovation, l'artiste a rejoint la scène pour un dernier morceau, l'Agriculteur, une chanson qui retrace ses envies de grands espaces. Place, enfin, au dernier geste, élégant et saisissant, de la soirée : au moment de quitter définitivement la scène, Ridan annoncera solennellement qu'il a, lui aussi, un petit cadeau pour son public. Lui et ses musiciens, après quelques secondes de silence et de suspense, se sont mis à applaudir le public. Ce qui a mis encore plus de baume au cœur de toutes les personnes présentes venues découvrir le nouvel album de celui qui en 2005 avait décroché une victoire de la musique pour son premier album consacré révélation de l'année ex æquo avec celui de Daniel Darc. Une rencontre avec le public algérois à saluer ! F. B.