De notre correspondant à Oran Samir Ould Ali Comment espérer voir le bac sport susciter un engouement parmi les lycéens algériens lorsque la pratique sportive scolaire ne bénéficie de presque aucun intérêt de l'éducation nationale et que, par ailleurs et à quelques rares exceptions, le sport algérien n'arrive toujours pas à briller sur le plan international ? C'est en substance la question que se posent des parents qui s'intéressent encore aux études de leurs enfants : «De très nombreux parents, qui ont encore à cœur de voir leurs enfants réussir leurs études, leur ont interdit la pratique d'un sport qui pourrait les distraire de leurs études, explique un enseignant. Pourquoi ? Parce que le sport n'autorise pas de construire une solide carrière comme celle d'un médecin ou d'un avocat. C'est, malheureusement encore vrai, le sport scolaire n'ayant pas, à ma connaissance, été à l'origine de l'explosion d'un talent.» Autrement dit, selon cet enseignant du secondaire, tous les sportifs de renom que l'Algérie a enfantés dans différentes disciplines proviennent des clubs sportifs. Et, rarement, ces stars ont parallèlement mené des études poussées : «Ce n'est pas pour rien que de nombreux élèves présentent des certificats de dispense que n'importe quel médecin peut délivrer, d'où un risque de complaisance qui n'a jamais été réellement pris en considération par l'éducation nationale, poursuit notre enseignant. Malgré les discours officiels, le sport est loin d'atteindre la place qui est la sienne sous d'autres cieux.» Par ailleurs, l'insuffisance des infrastructures sportives, le manque d'un encadrement qualifié et l'absence d'une politique cohérente interdisent l'émergence de talents dont l'existence à profusion ne fait, pourtant, aucun doute : «On ne peut décemment espérer des résultats probants lorsque, dans les écoles primaires par exemple, la discipline sportive est assurée par des “enseignants classiques”», explique un journaliste sportif d'Oran. Pour lui, comme pour tous les concernés par la question, le sport scolaire ne bénéficie d'aucun intérêt de la part des pouvoirs publics : «Dans beaucoup d'écoles primaires, l'éducation sportive n'est pas assurée ou c'est très mollement, par des instituteurs qui n'ont pas été formés pour cela, confirme un autre enseignant. C'est plus une récréation qu'un cours sérieux d'éducation physique.» Sous d'autres cieux, les talents sont décelés et pris en charge très tôt dans les écoles primaires : «La majorité des sportifs et athlètes ont été pris en charge très jeunes et c'est pour cela qu'ils trônent aujourd'hui aux premières places mondiales. Mais pour cela, il faut une politique sérieuse, assise sur une volonté réelle de promouvoir le sport scolaire. Ce que nous n'avons pas chez nous», déplore le journaliste sportif. Comment s'étonner alors qu'à quelques rares exceptions, l'élite du sport algérien ne puisse pas s'imposer dans les rencontres internationales ?