Si, pour le commun des mortels, la fonction d'entraîneur est beaucoup plus tributaire de l'expérience acquise par celui qui la pratique, il n'en demeure pas moins qu'elle est régie par une réglementation assez stricte, qui définit les conditions d'exercice de cette fonction, notamment en termes des qualifications nécessaires. Il est vrai que la réglementation en question, en l'occurrence le décret exécutif n° 06/297 du 02 sept 2006 fixant les statuts des entraîneurs, n'a jamais fait l'unanimité au sein de la corporation, surtout en ce qui concerne la durée du contrat qui lie un coach à un club (deux ans au minimum). Seulement, si la Fédération algérienne de football (FAF) s'est référée à ce texte, il y a quelques semaines, dans l'appel à candidature qu'elle a lancé pour le recrutement du directeur technique national (DTN), des entraîneurs nationaux adjoints et ceux des petites catégories, cela voudrait tout simplement dire que le décret est toujours en vigueur. Pourtant, dans le Championnat de football notamment, «il a été mis en veilleuse». Alors, pour revenir à cet appel à candidature, on pourrait facilement constater que, pour devenir DTN, il faudrait être titulaire de plusieurs diplômes arrachés après plusieurs années d'études, à savoir un doctorat en théorie et méthodologie de l'entraînement en football, un magistère en théorie et méthodologie de l'entraînement en football et un diplôme de 3e degré d'entraîneur professionnel (étranger). Ajoutons à cela quinze années d'ancienneté en qualité d'entraîneur de football de haut niveau (professionnel). Cela pour dire qu'il n'est pas aisé de postuler à un poste d'entraîneur de haut niveau. Pour le reste des coachs des autres catégories que la FAF recherche, ce n'est pas moins difficile. Pour les entraîneurs des académies régionales (Est, Ouest, Centre et Sud), les qualifications requises sont un diplôme d'études supérieures en théorie et méthodologie de l'entraînement en football (conseiller en sport), un diplôme de 3e degré d'entraîneur professionnel (étranger) et un diplôme de 3e degré d'éducateur sportif à temps partiel (Algérie). La FAF, en posant ces conditions, n'a donc fait, que se référer au décret exécutif n° 06/297. D'ailleurs, dans ce texte, les autorités publiques ont tenté d'organiser et de réguler la fonction d'entraîneur, quoique, comme signalé plus haut, le texte en question n'ait pas fait l'unanimité au sein de la famille des coachs, du moins d'une partie d'entre eux, qui ont estimé qu'ils n'ont pas été consultés lors de l'élaboration du décret. Même ce qui est appelé à l'époque, l'Amicale des entraîneurs, avait «dénoncé» le texte, notamment pour ce qui est de la durée du contrat, en estimant que, par rapport à ce point, les coachs ne devraient pas payer les frais du recul du niveau du football national avec tout ce qu'il engendre comme résultats, comme l'instabilité qui règne au niveau des barres techniques des clubs. Les coachs, qui se sont réunis dans l'Amicale, avaient également évoqué le principe du libre exercice de la fonction. Selon eux, s'il y a «mésentente» entre un club et un coach, il est tout à fait normal que les deux parties se séparent. Et, à partir de là, l'entraîneur ne devrait pas attendre la fin de la durée des deux années pour «retravailler». Pour eux, cela serait même improductif. Un secteur caractérisé par une certaine anarchie En tout état de cause, si, auparavant, il n'y avait pas de texte qui définisse, dans le détail, la fonction d'entraîneur, ce décret a le mérite de mettre des balises dans un secteur qui, au fil des années, a commencé à connaître une certaine anarchie. Cela sans parler, évidemment, de l'aspect financier de la chose, à l'exemple des déclarations fiscales et autres, qui est, dans bien des cas, entouré de «flou». En somme, selon le décret, il y a trois catégories d'entraîneur : entraîneur de club, entraîneur national et entraîneur national adjoint. Par la suite, l'entraîneur de club est classé par niveau de qualification et de compétition (article 10). Il y a l'entraîneur de niveau 1 (comprenant les entraîneurs, les entraîneurs adjoints, les entraîneurs des centres de formation et les entraîneurs des catégories juniors, des cadets, et des minimes, des clubs professionnels ainsi que les entraîneurs de clubs sportifs semi-professionnels et des clubs sportifs amateurs des divisions 1 et 2, des catégories cadets et minimes), l'entraîneur de niveau 2 (comprenant les entraîneurs de clubs semi-professionnels et de clubs amateurs des divisions 1 et 2, des catégories, seniors et des juniors), l'entraîneur de niveau 3 (comprenant les entraîneurs de clubs amateurs de division 3 et de division régionale, toutes catégories) et l'entraîneur de niveau 4 (comprenant les entraîneurs des clubs amateurs de wilaya, toutes catégories). D'autre part, l'entraîneur national et l'entraîneur national adjoint sont classés comme suit : catégorie A (comprenant l'entraîneur national et l'entraîneur national adjoint de l'équipe nationale A), catégorie B (comprenant l'entraîneur national et l'entraîneur national adjoint de la sélection nationale féminine ou espoirs) et catégorie C (comprenant l'entraîneur national et l'entraîneur national adjoint des sélections nationales des catégories juniors et des cadets). Il est clairement signalé dans ce décret que «nul ne peut exercer les fonctions d'entraîneur s'il ne justifie pas d'un diplôme ou d'un titre délivré et/ou reconnu équivalent par les structures habilitées à cet effet, ou d'une attestation d'aptitude à l'exercice de l'entraînement délivrée par le ministre chargé des sports pour les entraîneurs nationaux et les entraîneurs nationaux adjoints et par la fédération sportive nationale pour les entraîneurs de clubs sur la base d'une liste d'aptitude arrêtée par le ministre chargé des sports». En dernier lieu, il va sans dire que les problèmes que connaît la fonction d'entraîneur en Algérie n'est qu'une facette de la crise que vit le sport algérien en général et le football en particulier depuis des années. Il est clair que ce secteur doit être organisé, que ce soit sur le plan de la réglementation ou même à l'intérieur de la corporation. Les entraîneurs algériens, qui sont souvent de parfaits «boucs émissaires» quand les résultats ne suivent pas, avaient tenté, par le passé, de s'organiser au sein de cette Amicale. L'initiative n'a pu, apparemment, aboutir. Sans un cadre de concertation adéquat, les coachs algériens ne pourront défendre leurs intérêts avec toute l'efficacité requise. A. A.