Le dernier rapport du FCE, sous le titre «Plaidoyer du Forum des chefs d'entreprise» a dressé un tableau des plus sombres sur le secteur de la commercialisation en Algérie. Informalisation, (terme utilisé dans le rapport pour qualifier le marché informel, ndlr) désorganisation, manque de transparence, déséquilibre dans la répartition spatiale et législation insuffisante et mal appliquée. Secteur phare de l'économie moderne, la distribution est devenue un enjeu politique et économique pour laquelle de véritables stratégies sont réfléchies et mûrement élaborées par les différentes puissances économiques mondiales. En Algérie, le secteur commercial représentait, dans sa contribution au PIB, en 2007, 17% de la valeur ajoutée hors hydrocarbures et 25% de l'excédent net d'exploitation hors hydrocarbures. La même année, selon le rapport du FCE, il représentait 14% du total des emplois. Quelque 1 140 000 personnes environ, dont 548 000 dans le secteur formel, 592 000 dans l'informel en plus de 187 000 qui déclarent travailler de temps à autre. Malgré ces chiffres importants, le domaine de la distribution souffre de plusieurs maux qui l'empêchent de jouer idéalement le rôle qui est le sien : cheval de trait de la production. Parmi ces handicaps figure au premier plan ce que le rapport appelle «l'informalisation élevée». Dans l'emploi d'abord. 66% des travailleurs ne sont pas assurés socialement. Ensuite les pratiques informelles. Absence de facturation ou sous-facturation, absence ou sous déclaration fiscale, non-respect des normes de qualité des produits, ainsi que la commercialisation de ceux contrefaits sont très courantes. En deuxième lieu, il faut noter un déséquilibre dans la répartition spatiale et une faible organisation. En Algérie, il y aurait 9 détaillants pour un grossiste et 2 importateurs pour 3 grossistes. Il y aurait également un grossiste pour 1 060 habitants et environ 120 détaillants pour 20 ménages. 70% des importateurs sont domiciliés dans à peine 5 wilayas. Par ailleurs, il y a un manque flagrant, en termes de groupement, de centrales d'achat, ce qui crée des situations déstabilisantes où les importateurs jouent parfois le rôle de grossistes et où les producteurs sont obligés de s'improviser distributeurs. Troisièmement, le secteur commercial s'est peu modernisé. Le nombre d'entreprises commerciales est d'environ 330 000, dont 280 000 détaillants, 30 000 grossistes et 20 000 importateurs. On compte près de 10 000 superettes, un chiffre très réduit en comparaison au nombre de détaillants qui activent généralement sur des petites surfaces. Quant aux expériences des supermarchés et hypermarchés, elles restent limitées. Pour ce qui est de la commercialisation, 80% des activités des détaillants ou des grossistes se concentre sur 5 produits : alimentation générale (37%), habillement, bijouterie et maroquinerie (17%), ameublement (10%), fournitures de bureau et activités de loisirs et sportives (9%) et très loin derrière encore les fournitures de bâtiments (5%). Le quatrième constatétablipar le rapport a trait à la défaillance de l'application des lois et réglementation en vigueur et le besoin d'un effort d'actualisation etderéglementation de la législation commerciale. Dans le plaidoyer du FCE, d'autres problèmes sont également soulevés tels que le manque d'encadrement des nouvelles formes d'exercices de l'activité commerciales(concession, franchises, agents commerciaux, représentants…), le déficit en infrastructures et leurs tailles réduites et inadaptées, les difficultés pour les entreprises de production à distribuer leurs produits. Tout cela crée un important déséquilibre dans le domaine de la distribution handicapant ainsi les différents secteurs de production. Pour remédier à ces dysfonctionnements, le FCE émet certaines recommandations pour amorcer un processus de modernisation du secteur comme la mise en place et la distribution, sans opacité, d'infrastructures, élaborer un cahier de charges adéquat, la mise à niveau législative et réglementaire dans le domaine, définir les chaînons défaillants dans les services de contrôle et les utiliser en priorité pour normaliser les activités des importateurs et grossistes, décentraliser des moyens de contrôle et associer le citoyen en mettant en place des associations nationales «fortes» pour la protection des consommateurs, ériger le secteur en priorité nationale et encourager certaines activités à définir, établir un plan national pour moderniser le commerce de détail, organiser de meilleures relations avec les impôts et la sécurité sociale ainsi que la mise à jour des fichiers du Centre national du registre du commerce. S. A.