Ce secteur emploie 1,78 million de personnes. Les pertes fiscales en raison du développement de ce phénomène atteignent au moins 180 milliards de dinars par an. Le Forum des chefs d'entreprise présentera, aujourd'hui, à partir de 15h, à l'hôtel Hilton d'Alger, trois études “constituées en un seul dossier et consacrées à des problématiques majeures qui se posent à l'économie nationale : l'ouverture commerciale, l'expansion de l'économie informelle et les dysfonctionnements du secteur de la distribution”, en présence de responsables de l'administration publique qui, certainement, apporteront des réponses posées. En matière de constat, les études du FCE soulignent “les tendances fortement négatives” liées à l'ouverture de l'économie algérienne. Le forum relève la corrélation entre la baisse de la protection du marché et la croissance considérable des importations de marchandises. Alors qu'entre 2001 et 2008, la moyenne des droits de douane, pondérés par les importations, est passée de 16,04% à 8,8% ; les importations de marchandises ont connu une hausse considérable durant la période 2000-2007 (15% de croissance moyenne annuelle en tenant compte de l'effet prix). Le rythme s'accélère en 2008 avec 40% d'augmentation par rapport à 2007, au détriment de la production nationale. Résultat : l'industrie enregistre de très fortes pertes de parts de marché. “Le déclin de la production industrielle est dû en très grande partie à la concurrence déloyale. Il traduit la part accaparée par les importations dans l'offre et celle prise par le marché informel dans la satisfaction de la demande”, indique le Forum des chefs d'entreprise. “Les pratiques informelles se sont progressivement généralisées et étendues au secteur formel : ventes sans facture, sans garantie, sans service après-vente, sans déclaration fiscale, etc.”, constate le FCE, pour qui “l'augmentation des importations en provenance de pays émergents à partir desquels il est plus facile d'organiser la fraude est un indice révélateur”. Le forum souligne, par ailleurs, que “la persistance d'un différentiel élevé entre le taux de change bancaire et le taux sur le marché parallèle s'explique par des transferts importants réalisés par des réseaux qui ont des ramifications dans les pays d'origine des importations, permettant ainsi de réaliser de véritables systèmes de compensation”, regrettant l'absence de réaction massive des services de contrôle, de l'administration des impôts et des services de l'inspection du Travail et de la Sécurité sociale. “On pourrait donc avancer que c'est surtout l'insuffisance du contrôle qui explique l'informel. À cette raison s'ajoutent les difficultés liées aux obstacles bureaucratiques à la création d'entreprises. Ces difficultés sont réelles ; elles sont, en outre, aggravées par la corruption”, souligne le FCE. Même les programmes de mise à niveau mis en place par les pouvoirs publics, pour contrecarrer l'impact négatif de l'ouverture, n'ont pas eu l'impact escompté, eu égard au déclin de la production industrielle et des pertes de parts de marché au profit des produits importés. Le FCE, citant des enquêtes réalisées, indique que le secteur informel occupe 1,78 million de personnes, soit presque 22%, pour une population occupée totale de 8,25 millions de personnes. En fait, précise l'organisation patronale, en tenant “compte de l'emploi informel dans le secteur formel et de l'emploi occasionnel de personnes qui déclarent travailler de temps à autre, l'emploi informel serait en réalité de 32% de l'emploi total”. C'est que 35% de l'emploi non agricole total ne sont pas déclarés à la Sécurité sociale, ainsi qu'une part importante (15%) de l'emploi formel. Selon le FCE, “les revenus nets du secteur informel se situeraient entre 300 et 600 milliards de DA (17% de l'ensemble des revenus primaires nets des ménages)”. Ce montant correspond à 13% du PIB hors hydrocarbures. Le forum évoque une perte de recettes budgétaires et de recettes pour les organismes de Sécurité sociale estimées respectivement à 42 milliards de DA pour l'IRG, 22 milliards de DA pour la TVA et 120 milliards de DA pour les prélèvements de Sécurité sociale. L'organisation que préside M. Réda Hamiani a relevé aussi les dysfonctionnements dans le secteur commercial, un secteur peu modernisé qui connaît une informalisation croissante. Le forum explique que “l'objet des études qu'il a réalisées est de contribuer à appréhender un peu mieux, en décrivant quelques aspects, les risques de destructuration auxquels est confrontée notre économie dans l'ensemble de ses domaines et de formuler des propositions visant à endiguer ces risques”.