Un jour, une agence touristique eut l'idée originale de présenter, aux Français comme aux visiteurs étrangers de la capitale française, un circuit touristique inédit dont le slogan était «Visitez Rome à Paris». Elle se proposait de faire découvrir à ses clients les différents vestiges romains de l'antique Lutèce. Et des vestiges, il y en a. En flânant dans les rues et boulevards parisiens, on peut voir des panneaux qui donnent une présentation succincte de l'histoire du quartier, de la place ou de la rue. Transposons cette idée à Alger. Il y aurait tout autant, si ce n'est plus, de vestiges qui pourraient conter au visiteur l'histoire de la ville depuis les Numides jusqu'aux Français en passant par les Romains, les Ottomans et les Espagnols. Mais il n'y a point de panneaux pour le faire ni de guide. Rien n'indique le lieu de débarquement des Français à Sidi Fredj, la construction et la destruction du Peñon à l'amirauté ou les aqueducs d'Alger. Et ce sont là les stations les plus monumentales. Car chaque rue, chaque boulevard, chaque quartier ou place de la capitale a son histoire et sa mémoire qui méritent d'être préservées et racontées, ne serait-ce que sur un bout de métal, en attendant mieux, une restauration, mise en valeur et exploitation de ces sites par leur intégration dans des circuits touristiques qu'il s'agira de programmer, après avoir relancé le tourisme culturel sur des bases solides. Il faut relever que l'idée est aussi transposable dans la quasi-totalité des villes algériennes, voire des villages. Oran, Constantine, Annaba, Béjaïa, Tizi Ouzou, Ténès, Cherchell, Miliana… ont toutes gardé des témoins de leurs histoires séculaires qui ne demandent qu'à les raconter.Mais pour ce faire, les autorités publiques et les différents responsables locaux doivent accorder toute l'importance à ces vestiges et se pencher sérieusement sur leurs protection, restauration et mise en valeur. Il appartient aux directions de wilaya de la culture de procéder à l'inventoriage de tous les sites et vestiges existant dans la cité et à leur préservation de toute dégradation ou destruction que feraient planer sur eux les différents projets urbanistiques. Parallèlement, il faudra œuvrer à l'implication du mouvement associatif et des agents sociaux pour la sensibilisation des citoyens quant à la nécessité de sauvegarder ces repères historiques. Et pour une exploitation optimale et judicieuse de ces filons culturels, il s'agira, pour les responsables de la culture, de convoquer l'intersectorialité en travaillant en étroite collaboration avec les services et les acteurs (agence de voyages, tour-operateurs et guides touristiques) en charge du tourisme pour élaborer des circuits touristiques thématisés et développer le tourisme culturel. Ces travaux n'ont rien d'herculéen et, s'ils nécessitent un gros investissement, c'est certainement plus en termes d'actions et d'initiatives qu'en termes de financements. H. G.