La cigarette, ennemi public tout comme la drogue. Le fléau se répand et ne rate généralement pas ses cibles. La célébration de la Journée mondiale de lutte contre le tabac tend à devenir un simple rituel, tant ses objectifs tardent à se réaliser. La règlementation, elle non plus, ne porte pas ses fruits puisqu'elle n'est pas appliquée. Après la loi de 1985 interdisant l'usage du tabac dans les structures sanitaires, une autre loi bannissant le tabac dans les endroits publics a été promulguée en 1995. Le décret n°01-285 du 24 septembre 2001 fixe les lieux publics où l'usage du tabac est interdit ainsi que les modalités d'application de cette interdiction. La législation est bien fournie sur ce plan, mais sans aucune portée du moment qu'il n'y a aucun suivi sur le terrain. La lutte contre le tabac est sans effet dans notre pays, en dépit des nombreux décrets exécutifs et de la ratification en 2006 de la convention-cadre de l'OMS pour la lutte antitabac adoptée à Genève en 2003. La triste réalité est là, la cigarette tue 20 000 personnes chaque année. Parmi les victimes de ce fléau figurent les fumeurs passifs. On peut être exposé, à son corps défendant, aux dangers du tabac, par le simple fait d'inhaler de la fumée, ce que les fumeurs ont du mal à admettre. Que ce soit dans les lieux de travail, dans les services de l'administration, les restaurants, les salons de thé, les aéroports et autres endroits fréquentés par le public, la règlementation n'est pas appliquée et le civisme fait défaut. On n'hésite pas à rejeter de la fumée sur le visage de son voisin et de tout l'entourage immédiat, et on refuse toute remarque allant dans le sens du respect d'autrui. Le fléau du tabac monte en cadence depuis quelques années avec l'avènement du narguilé qui enregistre de plus en plus d'adeptes. La «chicha», comme on l'appelle communément, attire les usagers qui cèdent à un phénomène de mode plus qu'au plaisir. Des clubs sont en train de voir le jour et c'est dans des endroits réputés chics que ce phénomène prend de l'ampleur. Curieusement, on ne trouve pas à y redire, alors qu'il est établi que l'usage du narguilé est aussi dangereux que celui de la cigarette. D'ailleurs, celui-ci (le narguilé) est interdit dans certains pays qui en mesurent la nocivité. Narguilé ou cigarette, le danger est certain et peut être fatal. Les spécialistes de la santé prônent la répression comme moyen de dissuader les fumeurs, ainsi que la sensibilisation en milieu scolaire pour décourager une jeune population en proie à la tentation. Il ne faut pas perdre de vue que le tabac est présent dans l'environnement scolaire, que des vendeurs de cigarettes investissent les alentours des écoles. R. M.