Photo : APS De notre correspondant à Paris Merzak Meneceur Afin de ne pas être en reste face à l'exécutif, qui, par la volonté politique des présidents Bouteflika et Sarkozy entend instaurer un partenariat d'exception entre l'Algérie et la France, les Assemblées nationales des deux pays ont décidé de rehausser au niveau le plus élevé leur coopération en créant officiellement jeudi à Paris une grande commission interparlementaire qui tiendra sa première réunion à Alger avant la fin de l'année en cours. Un partenariat d'exception version législative. C'est le résultat probant et concret de la visite officielle en France que vient d'effectuer M. Abdelaziz Ziari, président de l'APN, à la tête d'une délégation de parlementaires comprenant notamment le président de la commission des affaires étrangères et le président du groupe d'amitié des députés Algérie-France. Le règlement intérieur de la grande commission a été signé par le chef de la Chambre basse algérienne et son homologue français, dont il était l'invité du 26 au 29 mai, M. Bernard Accoyer. Le principe de sa création remonte à 2007. Elle est la troisième du genre qui lie l'Assemblée nationale française à une autre assemblée, après celles de Québec et de la Russie. C'est donc à juste titre que M. Accoyer a qualifié l'événement d'«historique» car la création de la nouvelle structure de dialogue et de concertation «marque la volonté des deux parties d'avancer et de construire l'avenir». D'autant, a-t-il tenu à faire remarquer, que «depuis 1999, les rencontres entre nos deux institutions se sont multipliées à un rythme que nous ne connaissons même pas avec les pays les plus proches de nous». «La densité exceptionnelle des relations entre nos deux pays, la qualité des rapports d'estime et d'amitié qui existent entre nos deux assemblées confèrent à la grande commission toute sa pertinence et la place qui lui revient», a déclaré pour sa part M. Ziari. Pour le président de l'APN, «il est tout à fait naturel que les Parlements s'estiment concernés et intéressés par la relation entre l'Algérie et la France et souhaitent contribuer à son épanouissement à travers une institution dotée de compétences qui lui permettent d'assumer ce rôle spécifique». Il a précisé que «la concertation, la coopération et le dialogue sont les maîtres mots qui ressortent du protocole cadre de coopération parlementaire que cette grande commission est appelée à traduire dans les faits», tout en affichant la disponibilité des députés algériens à «œuvrer de concert avec la partie française afin de doter la grande commission de moyens juridiques et matériels qui lui permettent d'accomplir une mission absolument utile à la consolidation de nos relations». Lors d'un déjeuner offert en son honneur par M. Accoyer, le président de l'APN a mis en évidence le «haut niveau» de dialogue qui s'est instauré entre les deux assemblées, permettant «d'apporter une contribution spécifique à cet édifice si important que sont les relations entre l'Algérie et la France». «Le rôle des institutions élues est d'autant plus pertinent que ses relations d'une diversité et d'une densité exceptionnelle concernent tous les aspects de l'activité politique, économique, sociale et culturelle», a ajouté M. Ziari avant de mettre en relief le fait que «le dynamisme des échanges commerciaux qui connaissent actuellement une croissance soutenue à la faveur des programmes de développement lancés par l'Algérie, doit beaucoup à la composante humaine» des rapports algéro-français. Le président de l'APN n'a pas manqué de mettre en exergue toute l'utilité du dialogue direct pour arriver à une meilleure compréhension de l'autre tout en déplorant «le traitement rapide et superficiel de l'information concernant le pays» qui fait que «notre opinion publique, dans toutes ses composantes, est souvent irritée par l'image partiale et tendancieuse que les médias lourds français donnent parfois de l'Algérie». Il a saisi l'opportunité de ce discours pour présenter l'évolution de l'Algérie depuis les dures années 1990 qui, depuis, a consolidé les fondements de l'Etat, alors menacés, et lancé de grands projets de développement avec 207 milliards de dollars investis au cours des cinq dernières années et les 150 milliards de dollars qui seront affecté au cours du quinquennat actuel du Président Bouteflika «à de multiples projets pour renforcer la croissance et doter le pays d'infrastructures en mesure de répondre aux exigences d'un pays moderne et aux attentes de la sociétés». «La grande majorité des opérateurs économiques français et les PME ne sont pas au fait de ces données et des opportunités qu'elles recèlent», a-t-il ajouté, avant d'estimer que «les élus français, proches des entreprises, ont une responsabilité particulière à assumer et un rôle négligeable à jouer pour lever les inhibitions et donner un nouveau souffle au partenariat entre nos deux pays». Outre ses rencontres avec M. Accoyer, le Président de l'APN a eu des entretiens avec les présidents des groupes politiques de l'Assemblée nationale française, le président de la commission des affaires étrangères et le président du groupe d'amitié France-Algérie. Au cours du point de presse de clôture de sa visite à Paris, M. Ziari, a rappelé qu'il a eu avec ses interlocuteurs des discussions «sans tabou sur les sujets les plus divers», que ce soit sur l'énergie, la question de la mémoire, les relations économiques, le Sahara occidental, la Palestine, ou l'Union pour la Méditerranée. A ce propos, il a précisé qu'il faut que cette union «ne soit pas plombée dès le départ par des problèmes politiques non résolus et qu'elle soit basée sur des projets de co-développement». Enfin, M. Ziari a tenu à préciser que son séjour à Paris n'avait aucun lien avec la visite du président Bouteflika, reportée pour une raison de calendrier. Et, s'il n'a pas rencontré des membres de l'exécutif français c'est parce que «nous avons scrupuleusement respecté la séparation des pouvoirs». Il a eu cependant, lors de sa présence à une séance de l'Assemblée nationale française, une courte discussion avec le Premier ministre, M. François Fillon. «Je suis heureux et satisfait de cette visite», a conclu le premier des députés algériens.