Photo : S. Zoheir Par Wafia Sifouane Très attendue et après des mois de travail acharné, la pièce théâtrale le Professeur Kleanow, inscrite au programme Off, hors compétition, du 4ème Festival national du théâtre professionnel (FNTP), Edition El Qods, a été présentée jeudi dernier à la salle El Mouggar. Le public, en nombre restreint, était confiant quant à la qualité de la pièce, vu que son réalisateur avait déjà décroché le prix de la meilleure mise en scène dans l'édition précédente du festival. Mais bien vite, il déchantera. Incompréhension et étonnement se dessineront sur les visages des spectateurs dont un grand nombre sont des comédiens, metteurs en scène et même membres de jurys. Dès le début, on relèvera que la qualité de la pièce laissait à désirer et que rien ne promettait une amélioration. Sur des notes de musique classique, le rideau se lève sur un décor modeste : quatre chaises alignées sur lesquelles les personnages ont pris place. De l'autre côté se trouve Mary, la servante de Kleanow. Révoltée et blessée dans l'âme, elle relate ses malheurs, son quotidien morose et jette toute sa colère sur Elise, une belle et innocente jeune fille dont le père, Fousburg, patron d'un bar, vit une crise financière. Assoiffé d'argent, cupide et sans remords, il exploitera sa fille de la manière la plus ignominieuse, en la prostituant. Serveuse, elle sera mise à la disposition des clients contre une poignée d'argent. Martyrisée et offusquée par le comportement de son père, elle décide de se jeter d'un pont. Le suicide est le seul moyen pour elle d'échapper à son sort maudit. Mais sa tentative est avortée par l'intervention du professeur Kleanow qui la sauve. Vieux, à moitié aveugle et pas gâté par la nature, Kleanow fait d'Elise sa protégée. Elle vit chez lui sous sa protection. Traitée en princesse, la belle tombe amoureuse du jeune ami de son protecteur. Kleanow vit mal cet amour et passe ses colères sur sa servante, Mary, qu'il maltraite. Le père d'Elise débarque un jour chez le professeur et une confrontation oppose le père vénal et le protecteur intellectuel et amoureux transi et déçu. Présentée comme une pièce s'inscrivant dans le genre «théâtre expérimental», la représentation n'a cependant pas convaincu. Les comédiens ont été tous installés sur la scène, chacun retiré dans son coin, sa bulle, jusqu'au moment où il devra endosser son personnage et intégrer la pièce. Cette technique de jeu nécessite une véritable maîtrise du changement de personnages, le passage d'un corps à un autre, avec tout ce que cela implique comme métamorphoses dans le geste, la voix, le mouvement, le rythme… ce qui a fait défaut. On jouait mal ou on surjouait… Quant à la scénographie de Hamza Djabellah, elle a très mal porté le texte. La légèreté de l'interprétation des comédiens, les mimes inappropriés, les cris, l'exagération et les maladresses ont fini par exaspérer certains spectateurs qui ont quitté la salle. La conclusion est vite tirée : la pièce le Professeur Kleanow est un beau ratage que le réalisateur devra s'empresser de corriger.