Photo : A. Lemili De notre correspondant à Constantine Abdelhamid Lemili L'association ville-santé du Khroub a organisé au cours de la matinée d'hier une rencontre autour du tabac et notamment de la journée mondiale de lutte contre le phénomène en question. Pour apporter leur contribution aux thèmes prévus pour ce rendez-vous, l'association a mobilisé un aréopage parmi les plus illustres des scientifiques de la ville à l'image des professeurs en médecine Aberkane (le tabac et la ville-santé), Grangaud (les codes institutionnels de la lutte contre le tabagisme), Zougheilèche (aspect épidémiologique du retentissement tabagique), Mehdioui (fonction ventilatoire chez les fumeurs), Bougrida (retentissement du tabagisme sur l'appareil cardio-vasculaire) et Mme F. Bencheikh, sociologue (aspects sociologiques du tabagisme) mais également MM. Talaa et Kehili (réalités et expériences dans des établissements éducatifs). Le Pr Aberkane auquel a été donne en premier la parole a vite fait de ramasser la nature des interventions qui allaient suivre en ce sens que celles-ci sortaient quelque peu du conformisme habituel et donc débarrassées de toute connotation académique qui aurait, habituellement, consisté à pérorer ponctuellement sur un très grave problème de santé publique sans pour autant éveiller la conscience citoyenne et encore moins de ceux qui les gouvernent. Deux anecdotes fournies dans la foulée par l'ancien ministre de la Santé, directeur à l'OMS, maire, sénateur auront rapidement résumé le constat sur le plan national et surtout la perception très mitigée du fléau par les organismes des pouvoirs publics concernés. «Lors du sommet du Nepad (2004) en Algérie, la délégation sud-africaine avait fait le déplacement à bord d'un avion de la compagnie Air Algérie. La ministre de la Santé en l'occurrence Mme Chabala qui accompagnait le cortège présidentiel en est descendue scandalisée et la fait savoir avec virulence, le président Bouteflika était présent sur le tarmac, parce que l'interdiction de fumer n'existait pas dans cet espace public. C'est d'ailleurs à partir de cet incident que notre compagnie a pris des mesures restrictives ». Le Pr Aberkane enchaînant ensuite sur «un conseil du gouvernement où pratiquement la majorité des ministres fumait sans désemparer en discutant et chacun apportant son argumentaire sur la future loi interdisant aux usagers du tabac de le faire dans les lieux publics… C'est dire donc qu'il ne suffit pas de mettre en place des textes s'il n'existe pas une réelle volonté politique derrière qui permettraient de prendre des mesures radicales en le domaine». Et pour mieux enfoncer le clou, l'ancien maire du Khroub parlant es qualité a déploré l'absence d'une part «des élus » et «des directeurs d'établissements scolaires d'autant plus que rien ne justifie plus leur absence… les examens de sixième étant passés et tous les établissements quasiment en vacances». La teneur des interventions des autres personnalités scientifiques présentes se fera pratiquement dans la même teneur, élagué de tous types de complaisance, moralisme circonstanciel ou de leçons. Juste la nécessité de rappeler statistiques nationales et mondiales à l'appui les ravages induit par le tabac parmi les consommateurs, comble de l'horreur, dorénavant recrutés ailleurs que parmi les populations traditionnellement recensées ou éligibles (adultes et de sexe masculin). Bien évidemment, les dommages collatéraux dus au tabagisme et leurs répercussions multiples sur la société et par extension leur impact sur l'économie nationale ont été évoquées par tous les intervenants qui n'ont pas hésité à souligner l'incontestable interconnexion des nuisances. En conclusion, «les fabricants de tabac soignent l'emballage pour séduire le client. La vérité, c'est que le tabac tue et rend malade. Les mises en garde illustrées incitent les gens à arrêter de fumer. Il ne faut pas seulement dire la vérité, il faut la montrer», est-il rappelé sur la page de garde d'un document remis au sein du centre culturel M'hamed Yazid où s'est déroulée la rencontre. C'est aussi les mises en garde faites avec insistance par le Pr Zougheilèche, premier responsable de l'Observatoire régional de la santé.