De notre correspondant à Constantine A. Lemili C'est sur l'initiative d'un groupe de médecins qu'est née «Santé pour tous», une association qui a fait de la prévention sa stratégie de lutte contre toutes les formes de maladies… Et c'est par conséquent dans cet objectif qu'elle a inscrit l'action initiée à Constantine au cours de la journée de samedi dernier au sein de la maison de jeunes Saadi. Il n'y avait, certes, pas grand monde mais le peu de personnes présentes ont suivi et littéralement bu les interventions des spécialistes invités pour la circonstance. Cardiologues, psychologues et hommes de droit ont tenu, chacun en ce qui le concerne, à apporter, voire à confirmer tout simplement l'argumentaire selon lequel «rien n'est plus nocif et dangereux que la consommation de tabac sous quelque forme qu'il se présente». Mme Aït Moussa, cardiologue, a étayé, il ne pourrait être mieux fait, son intervention avec de nombreuses diapositives sur les conséquences désastreuses encourues par les fumeurs, rendant d'emblée caduque l'idée préconçue… sinon le superbe raccourci qui jusque-là laissait croire que la consommation de tabac n'entraînait que la «mise à mal de l'appareil respiratoire» et au pire des cas… l'infarctus du myocarde (IDM). L'auditoire a été sidéré par les dommages multiples et irréversibles causés à l'organisme comme les risques de cécité, d'atrophie des membres, de cancer s'attaquant à des parties du corps autres que les poumons. L'étonnement de cet auditoire n'en sera que plus grand lorsque la cardiologue soulignera que le tabac est composé de «4 000 sous-produits toxiques» dont la consommation régulière entraîne 15 000 décès/an, 7 000 infarctus, 4 000 cancers, 2 000 cas de sénilité précoce. Est-il alors besoin de rappeler que le tabagisme n'épargne ni l'homme, ni la femme et encore moins l'enfant aussi bien avant sa naissance quand la mère porteuse est consommatrice de tabac ou encore à travers ce qui est qualifié de «consommation passive», voire de «consommation subie» parce qu'elle est en général le fait d'une action imposée involontairement ou volontairement. La question de l'acte volontaire a été également au centre des interventions dans la mesure où il semble aujourd'hui clair que «seule la volonté individuelle» d'arrêter de fumer est à même de freiner le fléau et, pourquoi pas, de le faire reculer, comme ailleurs dans d'autres pays qui y sont parvenus tout d'abord par des actions massives de sensibilisation via l'implication et l'omniprésence du mouvement associatif sans oublier toutefois une forme d'action dissuasive initialement et coercitive ensuite des institutions de l'Etat. Une thérapie imposée dans un cadre réglementaire comme l'interdiction de fumer dans les lieux publics notamment. Mme Badaoui, présidente de l'association «Santé pour tous» stigmatisera à son tour l'autre impact qu'a le tabagisme sur l'économie nationale en général et celle du consommateur en particulier, insistant à bon escient sur le fait que «paradoxalement, ce sont les personnes de condition modeste qui sont recensées comme les plus grands consommateurs de tabac». Dans les prospectus qui seront remis à l'assistance sont brièvement fournies des explications sur les ravages causés par le tabac à travers l'Algérie comme sont données des orientations sur les voies et moyens de mettre un frein à l'expansion de ce fléau. Enfin, si jusque-là l'approche religieuse d'une interdiction ou non de la cigarette était mitigée, il semblerait, selon les éclaircissements fournis par l'homme de droit présent à la rencontre qu'«une récente fatwa prise par les doctes autorités théologiques d'El Azhar aurait rendu définitivement illicite la consommation de tabac».