Les travaux de la conférence ministérielle sur la recherche pour la santé dans la région africaine se sont achevés jeudi avec l'adoption de la déclaration d'Alger qui servira de document de référence et de voix du continent à l'occasion du Forum mondial de la santé prévu à Bamako au mois de novembre prochain. La déclaration est venue couronner quatre jours de discussions et de débats entre médecins et autres acteurs du secteur de la santé sur le continent africain. Signée par 43 pays du continent, la déclaration d'Alger est fondée sur l'engagement exprimé par les représentants des gouvernements à œuvrer ensemble pour le renforcement des systèmes nationaux pour la recherche et l'optimisation des investissements ainsi que la coordination des efforts. Les pays signataires de la déclaration d'Alger s'engagent ainsi à lancer des actions d'envergue avant la fin de l'année prochaine. Les organisateurs de la rencontre se sont déclarés satisfaits des conditions de son déroulement et du niveau des communications présentées par les spécialistes. Lors du point de presse qu'ils ont animé à la fin des travaux, le représentant de l'OMS, Luis Gomes Sambo, et le ministre de la Santé et de la Population, M. Saïd Barkat, fraîchement nommé à ce poste, étaient unanimes à dire que le rendez-vous a atteint ses objectifs. M. Sambo estime que «la déclaration d'Alger contient des éléments très importants qui vont consolider les résultats du Forum de Bamako où l'Afrique présentera une position commune». Pour M. Barkat, la déclaration d'Alger marque un pas historique permettant à l'Afrique d'avoir une position commune sur la recherche en matière de santé. Barkat ajoute que la déclaration d'Alger contient une innovation de taille dans le sens où elle précise les mécanismes de sa mise en œuvre comme elle fixe les délais de sa concrétisation. Au sujet de la faiblesse du financement de la recherche en Afrique, Saïd Barkat note que beaucoup de pays du continent dépendent de l'aide provenant de l'extérieur. Ce qui confirme par ailleurs les propos tenus par les médecins lors des précédentes interventions. Barkat et Sambo promettent néanmoins davantage d'investissement de la part des gouvernements car, expliquent-ils, «il y a une très grande volonté politique à encourager la recherche». Pas d'autres choix pour eux, sinon la fuite des cerveaux va s'accentuer. A ce sujet, le ministre de la Santé a exprimé son souhait de voir les chercheurs africains revenir dans leurs pays d'origine pour exercer leur savoir. Le souhait de Barkat est tributaire de l'amélioration des conditions de travail et de l'environnement de recherche que peuvent offrir ces pays. Notons qu'à travers la déclaration d'Alger, 2% des budgets alloués à la santé et 5% des aides venues de l'extérieur seront consacrés à la recherche qui ne bénéficie jusqu'à présent que de 1% du budget. La déclaration d'Alger invite, par ailleurs, les partenaires nationaux, la société civile et les communautés économiques régionales à œuvrer pour une «symbiose» avec la déclaration de Paris de 2005 sur l'efficacité et l'aide internationales pour faciliter la coopération équitable Sud-Sud et Nord-Sud, le transfert des technologies et la collaboration en matière de recherche pour la santé. Saïd Barkat a ainsi insisté sur la création du «Fonds africain pour le développement de la recherche en santé» qui servira à réunir les financements nécessaires à l'«implémentation de centres et de réseaux de recherche souverains et à l'abri des contraintes que génèrent souvent les financements bilatéraux». A. Y.