Photo: S. Zoheir De notre correspondant à Annaba M. Rahmani Le Tout-Annaba a vécu dimanche dernier au rythme de la rencontre Algérie-Egypte opposant les deux équipes nationales des deux pays. Dans la matinée, c'est toute la ville dans ses différents quartiers qui s'est parée aux couleurs des Fennecs. L'emblème national flottait un peu partout, au-dessus des locaux commerciaux, sur les terrasses des maisons, sur toutes les fenêtres des immeubles, accrochés aux lampadaires, brandis par les jeunes dans la rue et puis de la musique, cette musique toute algérienne chantant la gloire des Verts qui ont enthousiasmé des générations entières. La fête battait son plein avant le début du match. Dans la rue, on ne fait que commenter «à l'avance la rencontre» qu'on dit très difficile mais l'optimisme l'emporte souvent et on avançait même une victoire avec un score très honorable pour l'équipe nationale. Des dizaines de jeunes aux visages peinturlurés de vert et rouge représentant les couleurs nationales couraient dans tous les sens en criant le fameux «One, two, three…» repris en chœur par les passants gagnés par cette ferveur et cette passion tout algériennes. Ici, c'est le peuple, les gens humbles, les anonymes qui sont sortis dans la rue pour brandir les drapeaux, les embrasser et les porter haut. Il n'y avait plus de place pour les différences, tous communiaient ensemble pour encourager cette équipe que le vieux Saadane allait aligner le soir. Puis ce fut le match, la pression, l'inquiétude, les craintes, les occasions ratées, le stress, la tension qui monte à chaque fois, les coups de poing frappés dans la paume de la main et puis ce fut la délivrance, le premier but vint libérer les milliers de gorges qui crièrent toutes en même temps et le tout Annaba résonna d'une même voix, une voix identique, de la Colonne au boulevard, en passant par la cité Auzas, le cours de la Révolution, la place d'Armes, le Beauséjour, le val Mascort ou El M'haffer. La joie gagnait toutes les maisons, on s'embrassait, on se félicitait tout en gardant les yeux rivés sur le poste de télévision, il s'agissait de ne rien rater de la fête. Un deuxième but, puis un troisième et tout le monde était aux anges, c'est le «nirvana» pour tous et on voit déjà se profiler l'alignement de l'équipe à la Coupe du monde sous l'hymne national. A la fin du match, toutes les rues de la ville étaient envahies par des milliers de jeunes et de moins jeunes venus exprimer leur joie et fêter leur équipe qui s'est donnée à fond pour arracher cette victoire bien méritée. Des cortèges de véhicules tous feux allumés, des concerts de klaxons, des cassettes diffusant de la musique, des jeunes grimpés sur les toits agitant des drapeaux et criant leur joie de vivre, moments mémorables qui resteront gravés dans les mémoires. Les femmes, du haut de leurs balcons, lançaient des youyous interminables, donnant un caractère populaire à cette fête unique qui a touché tous les Algériens où qu'ils soient et là, il n'y a rien ni personne pour leur donner des instructions, tout est spontané, cela vient du cœur, sans artifice et sans contrefaçon. Les gens ont été heureux l'espace de toute une nuit et ont pu, pour une fois, tomber dans les bras de Morphée sans avoir à négocier avec lui. Une nuit mémorable pour tous et qui a redonné le goût de la victoire aux Algériens qui, en ces temps difficiles, en ont bien besoin. Grand Merci à Notre Equipe !