Photo : S. Zoheir De notre correspondant à Annaba Mohamed Rahmani Juste après la fin du match Algérie-Egypte, mercredi soir à Annaba, ce fut l'explosion. Une explosion de joie qui a touché tous les quartiers et artères de la ville, une joie criée par des centaines de milliers de gorges et qui est montée jusqu'au ciel pour remercier une équipe qui, à aucun moment, n'a failli. On a chanté et dansé, drapés dans les couleurs nationales, drapeaux à la main ; une ivresse et une liesse collectives qu'une victoire bien méritée a envoyées de ce stade situé à des milliers de kilomètres d'Algérie. Les concerts de klaxons de milliers de véhicules qui sillonnaient toutes les rues de la ville se succédaient les uns aux autres pour ajouter à une fête que chacun voulait sienne mais qui, en même temps, appartenait à tous. Il fallait voir tous ces jeunes, sortis spontanément dans tous les quartiers en courant dans tous les sens pour crier les noms de ces héros nationaux qui ont vaincu les Pharaons, les ont momifiés et mis dans des sarcophages. Antar Yahia a libéré tout un peuple d'une pression et d'une tension insupportables pour tout Algérien qui se voyait déjà fouler le pays de Mandela et jouer dans la cour des grands. Une réédition des gloires de 82 et 86 et… avec le même entraîneur. Cette «hystérie» collective, qui s'est emparée de toute la ville d'Annaba, n'a épargné personne : hommes, femmes, jeunes, enfants et personnes âgées se sont subitement sentis pousser des ailes et sont sortis dans la rue en cette nuit mémorable. «C'est la première fois de ma vie que je vois ça, nous dit Hacene, un jeune homme rencontré au boulevard du 1er Novembre, tout le monde est sorti en même temps pour reprendre les mêmes mots et personne ne leur a dit de le faire et je suis heureux de voir ça !» Un bonheur immense, incommensurable a touché toute la ville, «n'épargnant» personne et il n'y avait plus de différence, plus de différend, plus d'altercation, tout le monde s'est rangé derrière une équipe et un drapeau pour savourer pleinement ces moments et cet événement. «Nous leur avons démontré qui nous sommes, criait Sofiane, un enfant du quartier la Colonne, ‘‘hagrouna'' au Caire, nous avons pris notre revanche sportivement et à aucun moment nous n'avons usé de violence, nous leur avons donné une leçon sur le terrain.» Une leçon de football mémorable, dont Antar Yahia, le baroudeur a, d'un tir puissant, catapulté l'équipe algérienne au pays de Mandela, qui connaît bien l'Algérie et les Algériens, décrochant ainsi un visa pour un Mondial auquel l'Algérie n'avait pas participé depuis près d'un quart de siècle. Jeudi matin, c'est une véritable marée verte qui a envahi la ville, la liesse était encore là, les rues étaient noires de monde et tout le monde s'est paré des couleurs nationales ; on s'embrassait, on se congratulait et les «mabouk aalina» fusaient de partout. Merci Saadane, merci à toute l'équipe qui a ravivé l'espoir et réconcilié tous les Algériens. Merci Bouteflika, merci à tout le peuple algérien qui a toujours été là quand il le fallait.