En sa qualité de directeur général de l'Organisation des nations unies pour l'agriculture et l'alimentation, Jacques Diouf préconise la tenue d'un grand sommet mondial qui s'articulerait autour de la sécurité alimentaire et des moyens à mettre en place pour réaliser pareil idéal. Et qui dit idéal, dit nécessairement entreprise difficile, voire souvent périlleuse, particulièrement dans le cas du combat contre la faim que fait sien la FAO. Et qui donc mieux qu'un Africain, écoutant dans les échos de ses cauchemars et rêves les gémissements d'enfants africains affamés, pour évoquer le drame de la faim qui tue des millions de personnes sur le continent noir et ailleurs dans ce monde. L'enfant du Sénégal sait sans doute de quoi il parle, comme il sait de quoi doivent être faites les solutions qui viendraient à bout de la famine dans le monde. Il sait aussi que son discours prononcé hier en Espagne juste après avoir été fait «docteur Honoris Causa» par l'Université polytechnique de Valence, avait une portée qu'il ne pouvait espérer en d'autres circonstances. La portée d'une occasion à ne pas rater pour sensibiliser sur l'impératif d'un rendez-vous qui coïnciderait avec la Conférence de la FAO, en novembre prochain, et qui ferait participer ceux qui ont les moyens et la logistique nécessaires pour éradiquer le fléau mortel de la faim. Fléau mortel d'accord, mais fléau qui ne constitue pas pour autant une fatalité, faisant dire au président de la FAO que cet ennemi commun d'une bonne partie de l'humanité n'est pas aussi invincible qu'il en donne l'impression. Bien au contraire, comme elle tue, la faim peut être, elle aussi, tuée. Pour peu quelle soit considérée non pas comme l'ennemi d'une seule partie de l'humanité mais de toute l'humanité. Sans exception. Mais encore faudrait-il que les gouvernants des pays riches daignent enfin descendre de leur piédestal et regarder le monde dans tout ce qu'il est réellement, c'est-à-dire un monde qui appartient aussi aux pauvres. Car, si les pays les plus développés de la planète se surprennent aujourd'hui à se plaindre de la crise mondiale parce qu'elle réduit de leurs jouissances et réjouissances après les avoir poussés à tempérer leurs ardeurs au tout consommable, et sans retenue aucune, de nombreux autres pays de cette même planète, à diverses disparités, continuent à vivre leur crise de toujours. La crise mortelle des pays et des peuples qui ont toujours eu faim. Trop faim pour vivre la crise des pays qui mangent beaucoup plus qu'à leur faim. A chacun sa crise… L. I.