Parce que le pétrole, comme le gaz, se tarira un jour, l'Algérie, tout comme d'autres pays pétroliers, réfléchit à des énergies alternatives. Le nucléaire en est une, mais pas exclusive ; le nucléaire est en fait une option parmi d'autres. Le pays projette de le développer en partenariat. L'expérience algérienne, mise en marche par le ministère de l'Energie et des Mines, en est encore à ses débuts. Elle se décline au travers d'un projet de loi sur le nucléaire civil mis au point il y a quelques mois. Il est attendu qu'il soit adopté par l'APN avant la fin de l'année. Sommairement, le document de loi dont il s'agit se donne comme objectif de définir les dispositions applicables aux activités liées à l'utilisation pacifique de l'énergie et des techniques nucléaires ainsi que des sources de rayonnements ionisants, de protéger la santé humaine, les biens et l'environnement contre les nuisances liées aux rayonnements ionisants, d'œuvrer à la promotion d'un développement durable, entre autres. Clair l'est ainsi le cratère pacifique imprimé à l'ambition algérienne en matière nucléaire. Le pays veut diversifier, et c'est légitime, ses sources d'énergie primaire pour la production d'électricité pour un usage interne ou d'exportation. Il se projette dans une stratégie soutenue en vue de développer des activités liées au cycle du combustible nucléaire, d'exploiter des substances minérales énergétiques pour les besoins nationaux et, éventuellement, d'exportation, d'organiser le développement des activités se rapportant aux sources de rayonnements ionisants dans les applications médicales, agroalimentaires, industrielles et autres, de faire émerger une industrie de fabrication d'équipements et de maintenance. Est-ce réalisable ? L'Algérie a-t-elle les moyens de sa politique ? Regarde-t-elle dans la bonne direction ? Jusqu'ici, c'est le Commissariat à l'énergie atomique (Comena) qui est l'instrument de conception et de mise en œuvre de la politique nationale de promotion et de développement de l'énergie et des techniques nucléaires. Le Comena a pour mission de développer les compétences, les connaissances et les infrastructures spécialisées requises pour la maîtrise et le développement du cycle du combustible nucléaire, de la technologie des installations nucléaires, des applications des sciences et techniques nucléaires dans différents domaines. Il dispose de centres de recherche nucléaire implantés à Alger, Draria, Birine. La nouvelle configuration du secteur du nucléaire ne fera pas disparaître le Comena, mais le consolidera. Reste cependant un variable, celui de l'uranium. Le pays va-t-il l'importer ou le développer localement ? Cette question, le ministre de l'Energie et des Mines se l'est posée lors de son passage à l'émission «Forum» diffusée par l'ENTV, samedi dernier. Elle ne peut être tranchée que de manière réfléchie. Actuellement, l'Algérie est liée par des accords de coopération dans le nucléaire avec la Chine, les Etats-Unis, l'Argentine, la France. C'est dans ce cadre que le pays veut promouvoir la formation scientifique et l'expertise sur le nucléaire civil. Y. S.