Après avoir dépassé, jeudi, le seuil symbolique de 140 dollars le baril, le prix de l'or noir poursuit son envolée. Le baril de pétrole dépasse 142 dollars à Londres et à New York. Hier, les cours ont dépassé pour la première fois le seuil de 142 dollars le baril, grimpant jusqu'à 142,26 dollars à New York et 142,13 à Londres. Les analystes lient cette envolée à la désaffection des investisseurs pour les Bourses d'action qui, elles-mêmes, pâtissent lourdement du pétrole cher. En effet, selon les informations rapportées par les agences, le foostie de Londres a touché, jeudi soir, un plus bas depuis la mi-mars, le CAC 40 de Paris était en chute libre hier matin et le Dax de Francfort non loin d'enfoncer son plus bas de l'année (6 168 points). L'affaissement de la devise américaine, passée jeudi de 1,55 à plus de 1,57 dollar pour un euro, augmente encore la séduction du pétrole aux yeux des spéculateurs : lorsque le billet vert baisse, ils tendent à acheter des matières premières vendues en dollar pour se prémunir contre l'inflation. Cette flambée risque de se poursuivre, selon les prévisions des spécialistes. Tout en excluant un baril à 200 dollars, le président de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), Chakib Khelil, a tablé jeudi, dans un entretien à la chaîne de télévision française France 24, sur des cours oscillant entre 150 et 170 dollars durant cette saison estivale. «Je prévois probablement des prix de 150 à 170 dollars durant cet été», a-t-il avancé, tout en estimant que «cela va peut-être décliner un peu vers la fin de l'année». Le président de l'OPEP a également rappelé que le prix du pétrole «est fonction des problèmes économiques qui se posent aux Etats-Unis, de la dévaluation du dollar et de tout ce qui se passe sur le plan de la politique monétaire américaine». L'autre facteur qui influe actuellement sur les prix du pétrole est aussi «les menaces contre l'Iran», a-t-il ajouté. Sur ce point, M. Khelil a avancé que si ces menaces contre ce pays «deviennent encore plus importantes, le prix du pétrole va encore augmenter durant cet été, ceci conjugué au fait que la demande en essence, en particulier aux Etats-Unis, sera encore plus importante». Mais, de manière globale, on estime que les marchés pétroliers se sont habitués à cette hausse même s'ils craignent que l'offre de brut ne soit pas suffisante pour satisfaire une demande sans cesse croissante, particulièrement dans les pays émergents. A ce sujet, le président de l'OPEP a réaffirmé : «Dans tous les cas de figure, il n'y a pas de problème d'offre sur le marché pétrolier. Il n'y a pas vraiment de demandes non satisfaites actuellement sur le marché.» M. Khelil a encore saisi l'occasion pour rappeler que l'OPEP «a toujours satisfait les besoins du marché international». Selon lui, dans la situation actuelle, l'Organisation «ne voit pas la nécessité d'augmenter sa production». Toutefois, l'OPEP prendra les mesures nécessaires pour satisfaire cette demande si elle est réelle. «C'est le statut de l'OPEP qui le recommande», a-t-il rassuré. A ce sujet, il est utile de rappeler l'analyse de l'économiste Nicolas Sarkis, lequel a estimé qu'il «serait complètement irresponsable» de demander à l'OPEP d'augmenter sa production pour contenir la flambée des prix pétroliers. Dans l'éditorial de la revue du CAEP, Pétrole et gaz arabes (PGA) à paraître le premier juillet, l'expert est revenu sur la réunion tenue le 22 juin à Djeddah entre les principaux pays consommateurs et exportateurs. «Il n'est pas surprenant que les prix aient encore augmenté, au lieu de baisser, au lendemain d'une rencontre internationale conçue pour calmer le marché et, si possible, briser la spirale à la hausse qui se poursuit depuis cinq ans», a-t-il avancé. S. I.