Photo : A. lemili «Ça a été galère pour la démarrer», nous disaient les membres de la bande des quatre qui étaient derrière l'émission Oxy-Jeunes lancée sur les ondes de la radio régionale de Constantine en juin de l'année dernière. C'est encore galère, même s'ils n'osent pas l'avouer au risque de se faire résilier une plage horaire qui n'était établie sous aucune autre forme conventionnelle qu'un document où la direction de la station régionale reconnaît la propriété du concept aux deux responsables de l'association Miracle des arts. Ils animent par voie de conséquence une émission qui marche bien, très bien même et ne perçoivent en retour aucune compensation. En raison de son impact sur les jeunes et notamment les filles qui ont plus de propension à écouter la radio et pour cause le fait d'être cloîtrées au domicile, comme en témoigne le nombre d'appels téléphoniques durant l'émission, certaines petites sociétés et plus particulièrement des boîtes de communication se sont rapprochées de Khaled et Hichem (Miracle des arts) pour leur proposer l'idée de lancer des concours où il y aurait matière à gagner séjours hebdomadaires en bord de mer, lap-top, baladeurs, etc. Une proposition intéressante mais vue sous un autre angle par la direction de la radio qui veut garder la main sur la publicité ou du moins récupérer cette opération séduction à son avantage. Bien entendu, les animateurs ont à leur tour évacué du revers de la main cette possibilité de donner plus de percussion à l'émission. «Qui n'avance pas recule», dit un adage. A Constantine, dès que l'imagination vient chatouiller les perclus en charge de la culture, face au succès grandissant d'Oxy-Jeunes, certains autres animateurs d'émissions soporifiques sont plus ou moins parvenus à matérialiser leur grogne en incitant le responsable des programmes à interdire formellement aux jeunes… d'Oxy-Jeunes de prononcer un seul mot en langue française dans une émission qui s'adresse à une tranche d'âge bien déterminée et où il est plutôt question de genres musicaux autres que celui qu'écoutent leurs parents : rap, slam, hip-hop, funk et à un degré moindre du rock. Présenter un groupe, un titre ou une anecdote sans utiliser un seul terme en langue française ne pouvait dès lors que relever de l'exploit. Or, le reste des émissions sur les 18 heures d'antenne dévolues à la radio régionale sont truffées de propos dans la langue interdite, les animatrices oubliant rarement de dire «bien sûr»… «pas de problème»… «pourquoi pas» et encore quand elles sont avares en matière de dialogue. Khaled et Issam (qui a rejoint l'équipe plus tard) s'efforcent donc de très peu user de la langue de Voltaire tout en s'échinant à traduire spontanément et parfois non sans ridicule en langue arabe. Soulignons enfin que l'émission est partagée en quatre volets : le top ten, El Barah (séquence nostalgie), Goul (qui accueille et essaie de propulser des jeunes musiciens, groupes) et, enfin, une autre séquence d'écoute libre répondant aux demandes des auditeurs. Pour les animateurs d'Oxy-Jeunes, «une heure d'antenne n'est pas suffisante, d'autant plus que, comme vous l'avez remarqué, elle est amputée par l'annonce des titres d'information, la publicité et parfois l'appel à la prière. Nous tentons d'obtenir une rallonge et nous osons espérer y parvenir. Notre souhait est qu'elle soit à nouveau déplacée en seconde partie d'après-midi de jeudi». Il y a lieu effectivement de souligner qu'Oxy-Jeunes est baladée au gré des humeurs des programmeurs. D'où l'impossibilité inévitable de fidéliser un auditoire qui, malgré son intérêt pour une émission qui le change, a autre chose à faire qu'à naviguer à vue selon le bon vouloir des responsables de la station régionale de la radio.