Photo : Zoheïr Par Hassan Gherab Le Festival international de littérature et de livre de jeunesse qui se tient sur l'esplanade de Ryad El Feth, à Alger, a permis, en plus d'offrir aux enfants l'occasion de se distraire tout en étant en contact avec le livre, aux professionnels du secteur de débattre des problématiques de l'édition. Une des questions qui a fait l'objet d'une conférence a été justement la production de livres de jeunesse en Algérie. A ce propos, la responsable du stand de l'ANEP, Hamida Zioui, notera que «le livre de jeunesse a connu des améliorations ces dernières années et qu'il se vend même assez bien». Mais il reste encore du chemin à parcourir pour arriver à une production de bonne facture, tant sur le plan du contenu que sur celui de la présentation de l'ouvrage proprement dite. Car, contrairement aux autres types de livre, celui destiné aux jeunes lecteurs doit «accrocher» dès le premier abord –d'où la nécessité d'une bonne présentation– et ne plus lâcher le lecteur jusqu'à la fin de l'histoire qui devra être clairement relatée –d'où l'importance du contenu-. Pour le directeur de l'édition de la maison El Maarifa, Nabil Dadoua, «ce genre de livre est spécifique et demande donc un traitement spécifique aussi bien sur le plan du texte, que de l'illustration et de la technique». Cependant, le livre de jeunesse «n'est pas assez présent chez nous, car mal connu par les éditeurs qui se sont consacrés beaucoup plus aux livres pour enfants», relèvera l'éditeur. Pour sa part, la responsable des éditions APIC, Mme Samia Zennadi-Chikh, dira que jusqu'à présent le livre de jeunesse «se limite à la littérature universelle». Hamid Skif, auteur de livres pour enfants, a, quant à lui, estimé que des efforts doivent encore consentis, notamment dans la diffusion et la promotion du livre jeunesse, tout en souhaitant «une amélioration sur le plan du texte et de l'illustration» pour attirer les jeunes vers le livre et leur faire aimer la lecture. Il s'agira, dira-t-il à titre d'exemple, d'étendre le réseau des bibliothèques scolaires. «Il faudrait aussi inviter des auteurs dans les écoles pour parler du livre avec les enfants et leur lire des textes, et mobiliser également des conteurs, y compris des conteurs traditionnels». «Il ne faudra pas aussi oublier les enfants handicapés visuels et intéresser les éditeurs à publier des livres en braille et des CD audio», ajoutera M. Skif. S'agissant du manque d'engouement des enfants et des jeunes pour la lecture, écrivains et hommes de lettres l'ont mis sur le compte de l'absence d'un véritable réseau national de distribution du livre et du retard accusé par la société dans différents domaines. Pour y remédier, ces spécialistes militeront pour la généralisation des bibliothèques scolaires au niveau des écoles, collèges et lycées. Sur un autre plan, l'universitaire spécialisé en culture populaire, Abdelhamid Bourayou, dira que le livre scolaire a tué le livre culturel, alors que le romancier Habib Sayeh, allant dans le même sens, a déploré la disparition des «livres magiques» qui aident l'enfant à développer son imagination et sa créativité. «Comment peut-on parler, aujourd'hui, de lecture chez les jeunes et les enfants alors que la majorité des lycées et collèges construits depuis les années 1980 ne compte pas de bibliothèques scolaires ?», assène le romancier. La problématique est ainsi posée et les pistes de réflexion ouvertes. Attendons de voir ce qui sera fait, si l'on pense à faire quelque chose.